La coalition de gauche s'apprêtait dans la nuit de samedi à dimanche à remporter une victoire électorale historique sur le parti conservateur qui avait été chassé du gouvernement en janvier par la crise économique après 18 ans au pouvoir.

Le parti Social-Démocrate et le mouvement Gauche-Verts, alliés dans le gouvernement intérimaire formé en février, recueilleraient une majorité absolue de sièges au parlement, selon les estimations de la commission électorale.

Le parti Social-Démocrate obtiendrait 32,8% et son allié 19,7%, soit une majorité de 52,5%, selon les estimations de 23H45 (locales et GMT) de la commission électorale.

Selon ces estimations basées sur environ 38% des bulletins dépouillés, les urnes ont comme prévu sanctionné le puissant Parti de l'Indépendance.

Jugé responsable de l'effondrement du secteur bancaire à l'automne qui a conduit le pays nordique au bord de la faillite, ce parti ne recueillerait que 22,9%, loin derrière son plus bas historique (27% des voix en 1987). En 2007, il avait recueilli 36,6% des suffrages.

«Oui, je peux sourire, si ce résultat est effectivement le bon, ces élections seront historiques car ce serait la première fois que les partis de gauche obtiennent la majorité», a déclaré la dirigeante du parti Social-Démocrate, la très populaire Johanna Sigurdardottir, 66 ans, sous une tempête d'applaudissements.

«Notre heure est arrivée», a-t-elle ajouté.

Peu après 23H30, moins de deux heures après la fermeture des bureaux de votes, le dirigeant du parti conservateur islandais, Bjarni Benediktsson, a reconnu sa défaite aux élections législatives anticipées.

«Nous avons perdu cette fois mais nous regagnerons à l'avenir», a déclaré le président du Parti de l'Indépendance depuis son QG de campagne.

«Nous savons tous que nous avons les gens (derrière nous) et la politique pour revenir avec plus de force», a-t-il ajouté, lui aussi très applaudi par ses sympathisants.

Près de 228 000 électeurs de ce pays insulaire, situé au milieu de l'Atlantique Nord, étaient appelés à renouveler les 63 députés du parlement (Althing) lors d'un scrutin proportionnel à un tour.

Les conservateurs avaient dû démisssionner fin janvier après plusieurs mois de manifestations inédites, le pays étant terrassé par la crise financière après des années de prospérité.

Face au chômage grandissant (10% attendus cette année) et une grave récession (environ 10% de contraction du PIB estimée pour 2009), des élections anticipées avaient été annoncées comme l'exigeait la population.

La coalition sortante était donnée favorite. Et les deux formations ont indiqué qu'ils souhaitaient poursuivre cette alliance en cas de victoire malgré leurs divergences sur la question de l'Union européenne.

Le Mouvement Citoyen, créé pendant la crise, crédité de 7,3% des voix, devrait faire son entré au parlement avec au moins 3 sièges.

Les résultats définitifs sont attendus dimanche entre 05H00 et 06H00.

Avec l'émiettement des voix, aucun parti ne peut décrocher seul la majorité absolue et doit donc nouer un partenariat pour former un gouvernement qui détient la réalité du pouvoir exécutif.

Selon le procédé habituel, les deux partis vont entrer en négociations pour se répartir les ministères.

La coalition gouvernementale ne sera ainsi annoncée officiellement que dans quelques jours.

Les sociaux-démocrates ont fait campagne sur la nécessité pour le pays nordique, dont la devise a perdu près de 44% de sa valeur l'an passé, d'adhérer aussi vite que possible à l'Union européenne et d'adopter la monnaie unique.

Cette position n'est pas partagée par son allié. Ce parti a toutefois reconnu l'urgence de discuter de cette question qui divise profondément les Islandais, les eurosceptiques redoutant qu'une adhésion à l'UE ne nuise à l'industrie traditionnelle de la pêche.