L'opposition au président russe Dmitri Medvedev a dénoncé des irrégularités dans la campagne des élections municipales qui désigneront dimanche à Sotchi le maire de la ville hôte des jeux Olympiques d'hiver 2014, porteur d'un projet de 12 milliards de dollars (9,09 mds EUR).

Six candidats sont en lice, mais c'est Anatoli Pakhomov, le maire en exercice du parti Russie Unie, le parti pro-Kremlin, qui est le grand favori. Le scrutin avait suscité un tel enthousiasme qu'il y eut jusqu'à vingt prétendants, dont la plupart se sont ensuite désistés, parmi lesquels une danseuse, un magnat de la presse, une star porno et un ancien agent du KGB.

En Russie, les élections municipales restent un des scrutins où la concurrence politique peut encore jouer.

Mais à Sotchi, le vote revêt une importance particulière. Le nouveau maire devra superviser les préparations des JO-2014, une vitrine énorme pour la réputation de la ville et de toute la Russie à l'extérieur et un budget d'investissements de 12 milliards de dollars.

Sotchi a gagné en 2007, face à la ville sud-coréenne de Pyeongchang, le droit d'organiser les Jeux d'hiver 2014, notamment grâce au soutien de l'ancien président et aujourd'hui premier ministre Vladimir Poutine.

Mais tout est encore à faire pour transformer en cité moderne les installations de la station sur la mer Noire.

Dans ce contexte, l'opposition a dénoncé des tricheries et manipulations et accusé le Kremlin de museler totalement ses contradicteurs.

«Le scrutin de Sotchi est l'apothéose du +Putinisme+, ils ont mis en place un véritable blocage de l'information de l'opposition», a dit à l'AFP Boris Nemtsov, l'un des six candidats à la mairie et l'un des plus farouches critiques du Kremlin.

Selon Nemtsov, les autorités ont autorisé des résidents de l'Abkhazie voisine ayant des passeports russes à prendre part au vote. L'Abkhazie est une des deux républiques géorgiennes qui avaient autoproclamé leur indépendance en août dernier et qui ont été reconnues par Moscou.

La porte-parole du maire Galina Snimchtchikova n'a pas démenti: «C'est vrai. Et pourquoi ne le ferait-on pas?», a-t-elle dit.

Pour le président Dmitri Medvedev, successeur de Poutine, qui fêtera le mois prochain sa première année à la tête de la Russie, l'élection municipale de Sotchi est «une bataille politique» (...) «bonne pour la démocratie».

«Je ne vois pas comment le président Medvedev peut qualifier ce scrutin de démocratique», a réagi le candidat communiste Iouri Dzhagania. «Ces élections sont particulièrement nauséabondes. Les règles ne sont pas les mêmes pour tous les candidats», a-t-il dit à l'AFP.

Selon l'opposition, la principale chaîne de télévision de la ville, les stations de radios et les journaux ont refusé de publier des encarts venant des candidats de l'opposition.

Nemtsov a révélé avoir fait l'objet d'une campagne de diffamation, se voyant traiter d'espion accusé d'avoir reçu 200 000 dollars des Coréens, et d'être homosexuel.

Même le candidat du parti libéral, une formation ultranationaliste traditionnellement loyale envers le Kremlin, s'est plaint de difficultés. «Ils ne nous ont pas laissé rencontrer nos électeurs, on ne peut pas utiliser nos locaux», a expliqué le candidat Alexei Koleshnikov à l'AFP.