Près de 200 migrants ont été interpellés entre lundi soir et mardi matin dans la région de Calais (nord), point de passage quasi-obligé de centaines de clandestins qui cherchent à traverser la Manche et à gagner la Grande-Bretagne.

Près de 500 policiers et gendarmes, dont près de 300 rien qu'à Calais, sont intervenus sur quatre sites. Près de 150 migrants, essentiellement des Afghans, ont été interpellés à Calais, et 44 sur des aires d'autoroute de la région, selon la préfecture du département du Pas-de-Calais.

«Nous avons constaté ces dernières semaines que, loin de se calmer, la pression, à Calais notamment, s'amplifiait avec une augmentation du nombre de migrants et le développement d'une assez grande agressivité contre les riverains, contre les forces de sécurité. Je souhaitais donner un coup d'arrêt à ce développement», a déclaré le préfet, Pierre de Bousquet de Florian.

Ces arrestations interviennent à deux jours d'une visite sur place du ministre de l'Immigration Eric Besson. Celui-ci s'est engagé à «exposer des solutions» au problème des migrants d'ici au 1er mai.

«Les gens veulent tellement flatter M. Besson qu'ils en rajoutent avec une opération de "nettoyage" pour faire croire que tout va bien, tout est propre, qu'il y a moins de migrants», a déploré Jean-Claude Lenoir, vice-président de l'association d'aide aux migrants Salam.

«Les associations essayent d'apporter leur contribution, mais on voit qu'aujourd'hui en France, la seule communication est la répression», a-t-il ajouté, tout en précisant n'avoir vu aucune violence policière lors de cette opération.

«On a interpellé des gens qui étaient identifiés. On n'a pas pris tout le monde. C'est une opération judiciaire et pas administrative», a déclaré de son côté le préfet.

«Il ne peut être dit que passeurs et trafiquants font la loi. Les valeurs de base ont été mises en doute, il fallait réaffirmer que force doit rester à la loi», a justifié Eric Besson à Paris.

Selon la maire de Calais, Natacha Bouchart (UMP, majorité de droite), plus de 800 migrants se trouvent actuellement à Calais, et la situation est «ingérable».

Depuis la fermeture en novembre 2002 du centre de la Croix-Rouge de Sangatte, des centaines de migrants (Afghans, Erythréens, Somaliens, Soudanais, Iraniens, Nigérians, Kurdes...) errent dans la région de Calais dans l'espoir de gagner clandestinement l'Angleterre, notamment en montant à bord de camions embarquant dans des ferries.

Harlem Désir, membre de la direction de l'opposition socialiste, a qualifié l'opération policière de «mise en scène médiatique déplorable destinée à faire oublier l'échec du gouvernement sur la question de l'immigration».

Les quelque 200 personnes au total arrêtées ont notamment été placées en garde à vue à Calais, Coquelles, Boulogne-sur-Mer et Lille. Débutée peu après 05H00 GMT, l'opération à Calais autour du principal campement de fortune des migrants, appelé «la Jungle», s'est terminée vers 08H30 GMT.