La socialiste française Ségolène Royal, qui s'est excusée deux fois pour des propos de Nicolas Sarkozy, promet de réagir à chaque «dérapage» du président, une stratégie déchaînant la polémique et contestée jusque dans son camp, mais qui la remet sous les projecteurs.

«J'ai senti la nécessité de mettre un coup d'arrêt aux dérapages verbaux permanents» du chef de l'Etat, déclare Mme Royal dans une interview mardi au quotidien Le Parisien, avant de fustiger l'«arrogance» et l'«impolitesse» de M. Sarkozy.

Après avoir, début avril au Sénégal, demandé «pardon» aux Africains pour le discours controversé du président français à Dakar en 2007, la socialiste a une nouvelle fois défrayé la chronique en présentant ses excuses au chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero, insulté selon elle par M. Sarkozy lors d'un déjeuner avec des parlementaires français.

Même si, selon des témoins, les propos tenus par M. Sarkozy sur «l'intelligence» de M. Zapatero ont été plus maladroits qu'insultants, pour Mme Royal, «ce qui est en jeu, c'est l'image de la France».

«Aujourd'hui lorsqu'on lit la presse internationale, on a honte» d'être français, a déclaré l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle, lundi soir sur France 2.

«Ce qui est en cause, c'est la réputation de la France, sur la scène internationale», a-t-elle ajouté.

Isolée au sein de son parti, Mme Royal continue par ses coups d'éclat à façonner son image d'opposante à Nicolas Sarkozy et à défendre «une autre façon de faire de la politique», avec en point de mire la prochaine présidentielle de 2012.

«Je suis l'une des voix politiques qui portent», affirme-t-elle dans le Parisien, balayant les critiques virulentes de la droite à son encontre, et ignorant celles portées par son propre camp, embarrassé par cette nouvelle polémique.

Après son «pardon» pour le discours de Dakar, le parti socialiste avait, une fois n'est pas coutume, fait bloc derrière Mme Royal. La dirigeante du PS Martine Aubry avait publiquement soutenu sa rivale, candidate malheureuse au poste de premier secrétaire fin 2008.

Mais cette fois-ci, les excuses de Mme Royal à Zapatero n'ont pas suscité de franc soutien à gauche.

Certains se sont démarqués avec ironie, l'ancien ministre Jack Lang priant les Espagnols d'«excuser» la socialiste, tandis Mme Aubry restait cette fois silencieuse.

Manuel Valls, soutien de Mme Royal lors de l'élection du dirigeant du PS, a jugé que ce type de polémique «abaissait plutôt le débat politique».

Jean-Louis Bianco, proche de Mme Royal, a pour sa part justifié la stratégie de sa championne: «elle fait sans arrêt bouger les lignes», se plaçant «en première opposante à Sarkozy», elle a «toujours eu cette volonté de dire des choses très fortes pour provoquer l'attention et la réaction».

«Les réactions hystériques UMP (majorité présidentielle) montrent bien qu'elle a mis le doigt sur quelque chose qui fait mal», selon lui.

Aujourd'hui, les sondages donnent une image brouillée de Ségolène Royal, la présentant comme l'une des meilleures opposantes au président Sarkozy mais montrant aussi une popularité qui marque le pas.