Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a dit dimanche qu'il n'était pas contre une entrée de la Turquie dans l'Union européenne mais qu'il s'interrogeait beaucoup plus qu'avant à ce sujet, au vu de l'attitude adoptée par Ankara lors d'un récent sommet de l'OTAN.

«Je ne suis pas contre mais je m'interroge beaucoup plus qu'avant», a-t-il déclaré en réponse à une question de la chaîne Canal+ sur sa position à l'égard de l'adhésion de la Turquie.

Le président français Nicolas Sarkozy est contre cette entrée et l'a répété récemment.

«Je croyais, je crois toujours plus ou moins qu'il s'agissait avec la Turquie d'un pont nécessaire entre la civilisation européenne et une autre civilisation, entre le monde musulman et l'Europe», a précisé Bernard Kouchner.

L'attitude de la Turquie au sommet de l'OTAN «et les références qui ont été faites en Turquie m'ont profondément choqué». «Pour moi la Turquie est un pays laïc qui a accepté, ou même imposé le droit de vote aux femmes avant nous et où on avait séparé depuis longtemps la mosquée du gouvernement. C'est ça qui me plait toujours dans la Turquie», a-t-il ajouté.

Il a regretté qu'à l'occasion du sommet de l'OTAN la liberté d'expression ait été «remise en question d'une façon un peu brutale en Turquie».

Lors de ce sommet, Ankara a longtemps bloqué l'approbation du Danois Anders Fogh Rasmussen comme secrétaire général de l'OTAN, au motif qu'il avait défendu la publication en 2005 au Danemark de caricatures controversées de Mahomet qui avaient provoqué la colère du monde musulman.