Restaurer l'image des États-Unis à l'étranger: c'était un des objectifs prioritaires de Barack Obama, dont la tournée de huit jours en Europe doit être considérée comme un succès populaire et médiatique.

De la Tamise au Bosphore, le nouveau président américain aura séduit le public et les médias européens, qui ont salué tantôt son charisme, tantôt sa modestie, tantôt son pragmatisme, des qualités qui faisaient défaut à leur avis à son prédécesseur, George W. Bush. Sa femme Michelle s'est également attiré des éloges, héritant même du titre de «nouvelle Jacqueline Kennedy» lors de son passage à Londres.

 

Mais ce séjour européen aura suscité des réactions plus mitigées aux États-Unis, où certains éditorialistes et experts ont notamment déploré un manque de résultats concrets sur les priorités américaines au sommet du G20. Même si le président Obama y a été crédité d'un rôle de médiateur entre la France et la Chine sur la question des paradis fiscaux, il a choisi de ne pas s'attaquer de front à la crise financière.

«Le président Obama s'est rendu compte qu'il était plus difficile de vendre ses plans de relance en Europe qu'à Washington», a ironisé le Los Angeles Times.

D'autres ont souligné les désaccords persistants entre Américains et Européens sur l'Afghanistan, où les États-Unis seront les seuls à envoyer des renforts, ainsi que sur la Turquie, où Paris et Berlin sont réticentes à voir Ankara se joindre à l'Union européenne.

Mais Barack Obama ne devrait pas moins sortir grandi de ce voyage européen aux yeux de ses compatriotes, si l'on se fie à un sondage publié lundi par CNN. Des quelques 1000 personnes interrogées, pas moins de 79% pensent que les citoyens du monde auront une opinion plus positive des États-Unis à la suite du voyage de leur président, qui aura été marqué à Prague par un vibrant plaidoyer en faveur de l'élimination des armes nucléaires.

Ross Baker, politologue à l'Université Rutgers au New Jersey, fait partie des analystes qui tracent un bilan positif de la première sortie du président sur la scène internationale.

«Il est difficile de se rappeler d'un premier voyage présidentiel à l'étranger qui se soit déroulé aussi bien que le sien, dit-il. On doit remonter au périple triomphal de JFK en 1961 pour trouver un tel parcours sans faute. Le fait qu'il n'ait pas rapporté de résultats concrets ne doit pas être retenu contre lui.»

Trop modeste?

L'idée voulant que Barack Obama n'ait pas commis d'erreurs au cours de son voyage ne fait évidemment pas l'unanimité. Plusieurs commentateurs de droite ont notamment condamné la propension du président à s'excuser devant ses interlocuteurs européens. Des animateurs de la chaîne Fox News l'ont même accusé d'antiaméricanisme après sa rencontre avec des jeunes à Strasbourg, où il a évoqué «l'arrogance» dont son pays avait parfois fait montre.

Plusieurs Européens ont pourtant accueilli la modestie et la franchise du nouveau président américain comme une bouffée d'air frais.

Dans un éditorial publié hier, le quotidien i a ainsi parlé de la «façon Obama», une manière «qui exprime un nouveau type de leadership américain, moins arrogant, moins donneur de leçons, moins péremptoire».

«On est à mille lieues du ''Vous êtes avec nous ou contre nous'' du premier mandat de George W. Bush; à mille lieues d'une manière impériale qui n'a pas peu contribué à entretenir l'antiaméricanisme dans le monde», a écrit le journal français.