C'était un immeuble de quatre étages en plein centre de L'Aquila. Il s'est effondré dans la nuit comme un château de cartes pendant le violent séisme et des dizaines de personnes attendaient lundi après-midi avec angoisse que les secouristes dégagent des survivants.

En sanglots, ne cessant de se prendre les uns les autres dans les bras, les amis ou proches des habitants portés disparus dans l'effondrement de leur immeuble de la rue du 20 septembre refusent de reculer derrière la limite de sécurité délimitée par les forces de l'ordre, pour être les premiers à apercevoir les corps qui pourraient être sortis des décombres.

Depuis des heures, inlassablement, pompiers, membres de la protection civile et des forces de l'ordre, ou simples volontaires, s'acharnent sur l'immense tas de gravats et de béton qui fut un immeuble de huit appartements: les chiens ont signalé au moins deux personnes vivantes.

Régulièrement, le chef des opérations impose le silence à l'immense chantier de déblaiement et fait couper les moteurs des pelleteuses et de la grue: «Maria», crie-t-il alors, en cherchant cette habitante qui a été localisée à quelques mètres, et qui appelle à l'aide.

«Mon frère habite là et il est porté disparu», déclare dans une rue perpendiculaire une femme d'une quarantaine d'années, la voix étranglée.

«Mon mari est là-haut, sur le tas, sans casque de protection et avec de simples baskets, à chercher, chercher, chercher. Depuis quatre heures du matin. Je suis désespérée», murmure-t-elle.

«J'ai une amie qui habite là, j'espère qu'ils vont la sortir vivante. J'attends, je ne sais pas quoi faire d'autre, c'était horrible cette nuit, tellement fort», soupire Chiara Piscini, la vingtaine, qui cache ses larmes derrière de grosses lunettes de soleil.

«Je suis arrivé à 9H ce matin de Rome avec mon chien. C'est très dur et surtout très long», explique un secouriste de la protection civile de l'équipe cynophile, couvert de sueur et de poussière.

«Apparemment il y aurait quatre personnes là-dessus mais on ne sait pas encore exactement. Tant qu'il fait jour ça ira. Après...», explique le secouriste, qui préfère garder l'anonymat.

Les immeubles alentour ont tenu le choc et n'affichent que des façades craquelées, ou plus rarement quelques trous dans les murs.

Dans L'Aquila, qui a pris des allures de ville fantôme, les camions des pompiers et les ambulances poursuivaient lundi après-midi leur macabre ballet, tandis que des centaines de personnes continuaient de quitter la ville en voiture, ou erraient à pied, certaines encore habillées du pyjama qu'elles portaient au moment du séisme.