Les dirigeants de l'Otan ont affirmé samedi à Strasbourg la nécessité de vaincre en Afghanistan, thème central d'un sommet assombri par le blocage turc de la nomination d'un nouveau secrétaire général de l'alliance.

Entretemps, les premiers heurts ont éclaté à la frontière franco-allemande entre la police et des manifestants convergeant vers le lieu d'un vaste rassemblement anti-Otan prévue à la mi-journée, faisant des blessés, a constaté un journaliste de l'AFP. Bloqués par des forces de l'ordre omniprésentes, certains manifestants ont commencé à les lapider. La police a répliqué avec des grenades lacrymogènes.

Une vingtaine de manifestants masqués a par ailleurs incendié un poste de douane français et pillé une station-service, selon des journalistes de l'AFP.

«Nous n'avons pas le droit de perdre» en Afghanistan, a déclaré le président français Nicolas Sarkozy. «Là bas se joue une partie de la liberté du monde», a-t-il affirmé à l'ouverture de la séance officielle du sommet à Strasbourg, en confirmant le retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan.

«L'Afghanistan est vraiment notre épreuve de vérité», a renchéri la chancelière Angela Merkel, affirmant que l'alliance ne pouvait pas permettre que ce pays redevienne un sanctuaire pour les terroristes.

Al-Qaïda était notamment basée en Afghanistan quand elle a préparé les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Vendredi, le président américain Barack Obama avait prévenu les Européens que l'Amérique n'entendait pas faire face seule à la guerre contre les talibans et leurs alliés d'Al-Qaïda.

Dans cette première tournée européenne, où il multiplie les éloges pour ses partenaires et souligne qu'il est là pour les consulter, M. Obama a cependant souligné attendre que leurs discours soient suivis d'actes.

Le président américain a décidé l'envoi de 21.000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan, mais les Européens sont restés jusqu'à présent très timides à y envoyer des renforts militaires, préférant accroître leur aide à la reconstruction et à la formation de l'armée et de de la police afghane.

La Turquie a jeté une ombre sur ce sommet marquant le 60e anniversaire de l'Alliance atlantique, par son refus d'accepter le favori au poste de secrétaire général de l'Otan, le Danois Anders Fogh Rasmussen.

Ankara lui reproche notamment d'avoir soutenu un journal danois qui avait publié des caricatures de Mahomet qui ont déclenché la colère du monde musulman en 2005.

Ce différend a dominé les discussions vendredi soir et samedi matin.

En début de matinée, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a d'ailleurs manqué une première cérémonie de traversée du Rhin sur une passerelle, restant accroché à son téléphone portable.

D'après des sources italiennes citées par l'agence Ansa, il tentait de persuader son homologue turc Recep Tayyip Erdogan de lever ses objections à la candidature de M. Rasmussen.

Les 28 dirigeants ont ensuite tenu de longs conciliabules pour tenter de débloquer la situation. Le président Obama a notamment eu un tête-à-tête avec le président turc Abdullah Gül, selon des sources diplomatiques. D'après l'agence turc Anatolie, ils ont ensuite été rejoints par M. Rasmussen.

Mais tous les participants avaient la mine sombre en regagnant la salle du conseil, les pays alliés n'excluant plus de devoir reporter cette décision.

Face aux manifestations anti-Otan prévues en ville, des mesures de sécurité draconiennes ont été prises autour du sommet, au point d'entraver les déplacements des délégations.