Trois cent personnes ont été interpellées et 70, sur un total de 105, restaient en garde à vue vendredi matin après des heurts jeudi à Strasbourg (est) entre forces de l'ordre et manifestants anti-Otan, a-t-on appris de sources policière et judiciaire.

Le parquet local a remis en liberté une trentaine de personnes qui étaient poursuivies pour participation à un attroupement armé et violences avec armes par destination, alors que s'ouvrait vendredi le sommet de l'Otan qui réunira à Strasbourg, Kehl et Baden-Baden 28 dirigeants de l'Alliance atlantique.

D'ici 18h00 (16H00 GMT), à l'issue d'un délai maximum de 24 heures, le parquet aura statué sur la situation de toutes les personnes placées en garde à vue, lors de cette manifestation.

Selon la Legal Team de Strasbourg, une organisation non gouvernementale constituée à l'occasion du sommet OTAN pour apporter une aide juridique aux contre-manifestants, quatre à cinq personnes pourraient être jugées en comparution immédiate, une information non confirmée de source judiciaire.

«Les personnes interpellées viennent de toute l'Europe», selon un porte-parole de la Legal Team, qui réunit des militants et juristes.

Jeudi, plusieurs centaines de manifestants -- 5 à 600 selon la police, environ 2.000 selon le collectif «antirépression» -- souvent masqués et vêtus de noir, se sont affrontés à «un énorme dispositif de police ultra-armé» qui les a empêchés de rejoindre le centre-ville, selon un communiqué du collectif antirépression.

La police a indiqué que certains manifestants étaient armés de piquets de bois, et que d'importants dégâts de mobilier urbain sont à déplorer.

La coordination internationale anti-Otan, organisatrice du contre-sommet de l'Otan de Strasbourg-Kehl, a dénoncé l'implication d'une «bande locale» d'un quartier sensible de Strasbourg dans les violences en marge de la manifestation jeudi.

«Nous ne pouvons pas accepter ces violences. Non seulement elles n'ont été le fait que d'une petite minorité au sein du campement (anti-Otan), mais elles ont pour l'essentiel été organisées par une bande locale du quartier sensible», a affirmé Reiner Braun, l'un des membres de la coordination internationale anti-Otan.

«Les militants ont reçu beaucoup d'aide des habitants du Neuhof (le quartier sensible en question, ndlr): des familles entières et des enfants sont venus les aider à lutter contre la police», a pour sa part indiqué le porte-parole du collectif qui a évoqué les «attaques à coup de grenades assourdissantes et aveuglantes» de la police.

Strasbourg accueille vendredi et samedi 28 chefs d'Etat et de gouvernement dont le président américain Barack Obama pour le sommet de l'Otan qui marque le 60e anniversaire de l'Alliance atlantique. La police allemande a indiqué avoir interdit à 65 personnes au total, depuis mardi, de franchir les frontières pour se rendre à Strasbourg.

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