La Belgique va officiellement protester auprès du Vatican après les propos du pape Benoît XVI sur l'utilisation du préservatif, les députés belges ayant adopté une résolution en ce sens à une large majorité jeudi soir.

La Chambre des députés a adopté par 95 oui, 18 non et 7 abstentions un texte «demandant au gouvernement belge de condamner les propos inacceptables du pape lors de son voyage en Afrique, et de protester officiellement auprès du Saint-Siège», selon l'agence Belga.

Ce vote était attendu. L'ensemble des partis belges -- à l'exception du parti d'extrême droite Vlaams Belang et des nationalistes de la Nouvelle alliance flamande -- s'étaient ralliés mercredi en commission des Affaires extérieures à la proposition de résolution déposée par le député libéral Denis Ducarme.

Il a fallu toutefois adoucir la formule «propos dangereux et irresponsables» par «propos inacceptables» pour que les chrétiens-démocrates flamands (CD&V) du Premier ministre Herman Van Rompuy et les centristes francophones (CDH) approuvent le texte.

M. Van Rompuy avait néanmoins assuré qu'il donnerait la «suite appropriée» à la résolution si elle étai adoptée. Il avait ajouté avoir une «opinion qui s'écarte fortement de celle du pape» en matière de prévention du sida, mais partager son approche «sur le volet curatif».

Même si les députés ont renoncé à demander le rappel temporaire de l'ambassadeur belge auprès du Vatican et la convocation du nonce apostolique à Bruxelles, la Belgique devrait devenir ainsi le «premier pays à protester par voie officielle», a relevé Denis Ducarme.

«Il ne revient pas au pape de remettre en cause des politiques de santé publique qui font l'unanimité et sauvent tous les jours des vies», a-t-il ajouté.

Au premier jour de sa visite en Afrique, Benoît XVI avait déclaré que l'on ne pouvait «pas résoudre le problème du sida (...) avec la distribution de préservatifs» et que, «au contraire», leur «utilisation (aggravait) le problème».

Si la ministre belge de la Santé, Laurette Onkelinx, a été l'une des premières responsables européennes à faire part de sa «stupéfaction», le gouvernement était généralement resté prudent.