Une Belge de 93 ans qui avait fait la grève de la faim pendant dix jours en mars pour réclamer d'être euthanasiée a finalement vu ses voeux exaucés et est décédée mercredi, ont indiqué ses proches.

Amelie Van Esbeen, née en Flandre en 1916, est décédée entourée des siens dans la maison de la région d'Anvers (nord) où elle résidait depuis cinq ans, ont-ils précisé.

«L'essentiel est que la demande d'euthanasie ait finalement été approuvée et que son action ait permis de relancer le débat sur la fin de vie», a estimé son petit-fils.

Mme Van Esbeen, selon l'équipe médicale qui la suivait, ne respectait par les conditions prévues par la loi belge de 2002 pour autoriser un médecin à aider un patient à mourir, à savoir être atteint d'une «affection incurable grave» et de souffrances «constantes, insupportables et inapaisables».

Son médecin avait donc refusé sa demande d'euthanasie. Désireuse de «mourir maintenant», elle avait entamé à la mi-mars une grève de la faim.

Le 24 mars, elle avait cependant recommencé à s'alimenter et rédigé une demande écrite d'euthanasie, acceptée par un autre médecin qui a pratiqué l'acte mercredi midi, ont expliqué les membres de sa famille.

Depuis que la Belgique est devenue en 2002 le deuxième pays au monde, après les Pays-Bas, à autoriser l'euthanasie, quelque 2.700 Belges ont choisi la «mort assistée». Selon la loi belge, le patient incurable doit être majeur et conscient.

Le débat sur l'extension de la pratique aux mineurs, aux personnes démentes et à celles n'étant pas en phase terminale a été relancé par le cas de Mme Van Esbeen et par une enquête récente indiquant que 76 mineurs avaient été «euthanasiés» depuis deux ans en Belgique.

Il faut «faire attention aux amalgames», avertit Jacqueline Herremans, membre de la commission fédérale de contrôle de l'application de la loi.

«Il ne peut être question d'euthanasie que dans l'hypothèse d'une demande volontaire, réitérée et réfléchie», souligne-t-elle, alors que 22 des 76 enfants évoqués dans l'étude étaient des nourrissons. Mme Herremans se dit toutefois ouverte à un débat serein sur les autres facettes de la fin de vie, à la lumière de l'expérience de la loi sur l'euthanasie.

«Le fait que le cas de Mme Van Esbeen ne rentrerait pas dans le cadre de la loi est contestable et contesté. A la commission fédérale, nous avons déjà eu à statuer sur des situations comparables et nous avons accepté des déclarations qui concernaient des personnes âgées atteintes de multiples pathologies», a ajouté Mme Herremans.

«L'âge n'est pas le critère déterminant mais est un des aspects qui peut donner le caractère de gravité à certaines pathologies dont peuvent souffrir des personnes», explique-t-elle encore.