Moscou veut déployer des unités de l'armée et du Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB) dans l'Arctique, région riche en hydrocarbures et convoitée par plusieurs pays, selon un document officiel russe accessible sur internet.

Cette stratégie russe pour l'Arctique a été approuvée par le président russe Dmitri Medvedev le 18 septembre 2008, mais elle n'a été publiée sur le site internet du Conseil de sécurité russe que très récemment.

«Il est nécessaire de créer des unités militaires (...) dans la zone arctique de la Fédération de Russie afin d'y assurer la sécurité militaire», explique le document, ajoutant que la «surveillance des côtes» sera confiée «au Service fédéral de sécurité».

«Le Pôle nord devient un point chaud», notait d'ailleurs dans son édition de vendredi le quotidien russe Kommersant. Mais cette interprétation a été rejeté par le Conseil de sécurité dans une note explicative transmise vendredi après-midi à l'AFP.

«Il n'est pas question de militariser l'Arctique», assure le communiqué, soulignant que la stratégie définie visait à «défendre les intérêts nationaux» de la Russie.

Le but de Moscou est d'«utiliser la zone arctique (...) en tant que base stratégique de ressources» naturelles, pour assurer notamment «les besoins (de la Russie) en hydrocarbures, en ressources biologiques, en eau et d'autres sortes de matières premières stratégiques», explique par ailleurs la stratégie approuvée par le président russe.

Pour la mettre en oeuvre, la Russie se fixe un calendrier en trois étapes. La première (2008-2010) doit déterminer «les frontières de la Russie dans l'Arctique au moyen d'études géologiques et géographiques».

La seconde (2011-2015) doit conduire à la reconnaissance internationale des frontières dans l'Arctique et leur mise en oeuvre «sur la base des avantages compétitifs de la Russie pour la production et le transport de ressources énergétiques».

La troisième étape (2016-2020) doit faire de l'Arctique «la base stratégique des ressources» naturelles de la Russie.

Moscou demande une extension de sa zone économique en Arctique, affirmant que la dorsale de Lomonossov, une chaîne de montagnes sous-marine, est une extension de son plateau continental. Une ambition qui concurrence celles des autres nations arctiques: les Etats-Unis, le Canada, le Danemark et la Norvège.

La Russie a fait pendant l'été 2007 une action spectaculaire en plantant son drapeau par quelque 4.000 mètres de profondeur sous le Pôle nord pour étayer ses revendications.

Les autorités russes ont par ailleurs à plusieurs reprises ces derniers jours dénoncés les ambitions arctiques des Occidentaux et de l'Otan, après que le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, eut déclaré fin janvier que l'Alliance atlantique devait accroître son rôle dans cette région.

«L'Otan n'a rien à faire dans l'Arctique» a encore lancé vendredi, selon l'agence Itar-Tass, l'ambassadeur russe auprès de l'Alliance, Dmitri Rogozine.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov avait pour sa part critiqué cette semaine des exercices militaires de l'Otan au large de la Norvège.