Le chef de l'extrême droite française Jean-Marie Le Pen a de nouveau qualifié mercredi de «détail» de l'histoire les chambres à gaz où des millions de Juifs ont péri, devant le Parlement européen, provoquant une levée de boucliers.

M. Le Pen a estimé avoir été victime «d'accusations diffamatoires» de la part du président du groupe socialiste du Parlement dont il est un élu, Martin Schulz. Ce dernier l'avait qualifié mardi de «vieux fasciste» et de «négationniste de l'Holocauste».

«Je me suis borné à dire que les chambres à gaz étaient un détail de l'Histoire de la guerre mondiale, ce qui est une évidence», a déclaré M. Le Pen mercredi Parlement européen, sous les huées d'une écrasante majorité de l'hémicycle.

«Je rappelle qu'à cette occasion, j'ai été condamné à 332 000 $ euros de dommages et intérêts, ce qui prouve l'état dans lequel se trouve la liberté d'opinion en Europe et en France», a-t-il ajouté, demandant au président du groupe socialiste «de bien vouloir formuler des excuses pour une accusation qui est mensongère».

Ce n'est pas la première fois que le chef de file historique de l'extrême-droite française réitère de tels propos.

Jean-Marie Le Pen les avait tenus pour la première fois sur une station de radio française en septembre 1987, ce qui lui avait valu une condamnation à 1,2 million de francs (304 000 $) d'amende.

En 2005, il les avait répétés, puis de nouveau en 2008 dans le magazine «Bretons».

Sa nouvelle sortie mercredi devant ses collègues du Parlement européen n'a fait que raviver la controverse à son sujet qui agite l'institution depuis le début de la semaine.

La gauche cherche à empêcher que M. Le Pen puisse, en tant que doyen, présider la prochaine session inaugurale du Parlement, après les élections européennes de juin.

«Que ceux qui ne veulent pas que cet homme dirige la session inaugurale du Parlement européen approuvent ma proposition de modifier le règlement», a dit mercredi M. Schulz, en demandant que la présidence du Parlement prenne «des mesures» après les propos «inacceptables» de M. Le Pen.

Quant au chef de file des conservateurs, Joseph Daul, il a jugé la sortie de M. Le Pen «déplacée», réclamant du «respect» pour les victimes des camps de concentration.

Appuyé par les Verts, Martin Schulz avait proposé mardi de modifier le règlement interne du Parlement, qui prévoit que le doyen des élus préside la session inaugurale de la nouvelle assemblée.

En l'état actuel, c'est à M. Le Pen, 80 ans, que ce rôle a de bonnes chances d'échoir après le scrutin européen.

Rejetée par le chef des libéraux Graham Watson, la proposition va être «analysée» par les conservateurs, a promis Joseph Daul.

En juillet 1989, l'ex-cinéaste français Claude Autant-Lara avait déjà provoqué un scandale au Parlement européen. Elu sur une liste du FN, il avait eu l'occasion en tant que doyen de prononcer un discours à l'occasion duquel une grande partie de l'hémicycle s'était vidée, en signe de protestation.