Boris Nemtsov lui-même ne croit pas trop en ses chances. Non pas d'être élu à la marie le 26 avril prochain, mais même d'être enregistré comme candidat cette semaine. L'ancien vice-premier ministre sous Boris Eltsine, devenu l 'un des principaux leaders du mouvement d'opposition «Solidarnost», avec l'ex-champion d'échecs Garry Kasparov, croit que la commission électorale trouvera un moyen de rejeter sa candidature, même s'il effectue le dépôt requis de 300 000 roubles (11 000 $ CAN).

« Je ne sais pas comment ils s'y prendront pour me refuser. Je ne suis pas Poutine ! « lance Bor is Nemtsov en ent revue téléphonique avec La Presse la semaine dernière, en référence à l'ex-président devenu premier ministre tout-puissant. À son avis, c'est Poutine et ses hommes qui dicteront la marche à suivre à la commission. « Ils ont 47 raisons de rejeter ma candidature selon la loi électorale », souligne-t-il. Pourquoi se présenter, alors ? « Si je suis sur le bulletin de vote, je deviendrai maire de Sotchi », est convaincu le politicien de 49 ans, bien connu dans sa ville.

Lundi, il a cependant été attaqué avec de l'ammoniaque par des « partisans de Poutine », qui n'auraient pas apprécié ses critiques sur la tenue des JO à Sotchi. Le politologue Nikolaï Petrov, du Centre Carnegie de Moscou, explique que la ma i r ie de Sotchi est aujourd'hui « le plus haut poste électif du pays », puisqu'e lle est considérée comme la troisième capitale de Russie, après Moscou et Saint- Pétersbourg, dont les maires sont nommés directement par le Kremlin. La campagne sera ainsi très médiatisée. Pas étonnant alors qu'on se bouscule au portillon.

 

D'autant plus qu'avec les Jeux olympiques qui arrivent à grands pas, plusieurs flairent les avantages politiques et financiers de décrocher la mairie. Boris Nemtsov croit toutefois que le Kremlin a décidé de parachuter des candidats fantoches de Moscou simplement pour lui enlever de la visibilité. «Le Kremlin ne veut pas se compliquer la vie, ajoute Nikolaï Petrov. Quiconque participera dans la lutte le fera avec son accord. « Le Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR, extrême droite), roche du pouvoir, a ainsi lancé, le 13 mars, dans la course l'un de ses députés les plus célèbres à l'étranger : Andreï Lougovoï, principal suspect dans le meurtre à Londres, en 2006, de l'exagent du FSB (services secrets russes) Alexander Litvinenko. La justice britannique exigeant son extradition, le LDPR l'avait fait élire à la Douma (chambre basse) en décembre 2007 pour lui assurer l'immunité parlementaire. Mais, surprise, Lougovoï a retiré hier sa candidature.

L'intrigant milliadaire Alexander Lebedev a aussi annoncé sa candidatu re la semaine dernière. Elle a tout de suite été appuyée par son ami et partenaire d'affaires, l'exdirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev. L'ancien agent du KGB, allié puis opposant très modéré à Vladimir Poutine, souhaite remettre de l'ordre dans la ville avant les JO de 2014. Comme Nemtsov, il propose même de déplacer la plupart des épreuves olympiques à des milliers de kilomètres de Sotchi pour éviter la const ruct ion de gigantesques installations sport ives d'hiver en climat subtropical, qui pourraient se transformer en éléphants blancs.

D'autant plus qu'avec la crise, le budget pour la construction des infrastructures a dû être amputé des deux tiers cette année. Neuf candidats sont actuellement en lice, alors que la ballerine Anastasia Volotchkova a fait part hier de son intérêt à se lancer dans la course. Sotchi a connu quatre maires en un an. Le premier est parti diriger Olympstroï , la société d'État responsable de la construction des installations olympiques. Le second à être élu a quitté après à peine trois mois pour des raisons de santé. Les deux autres assura ient leur intér im, dont Anatoly Pakhomov. Il sera le candidat du parti de Vladimir Poutine, Russie Unie, et son affiliation risque bien de lui permettre de conserver le poste.

Indépendance convoitée

Pourquoi tant de candidats ? C'est que depuis 2004, les gouverneurs régionaux ne sont plus élus au suffrage universel, mais suggérés par le Kremlin pour approbation par les parlements régionaux. La mairie est donc devenu le poste le plus important en région qui ne dépende pas directement de Moscou. Mais l'indépendance n'est pas sans danger. Au cours des dernières années, les maires de grandes villes comme Tomsk, Volgograd, Vladivostok et Arkhangelsk se sont retrouvés derrière les barreaux. Tantôt pour avoir prétendument pigé dans la caisse de la ville, tantôt pour corruption ou même... pour avoir falsifié un diplôme scolaire.

En Russie, toutes les accusations sont bonnes pour neutraliser les maires qui entrent en conflit avec les gouverneurs pour des questions budgétaires et de répartition des pouvoirs. Non pas que les premiers magis t rat s soient toujour s blancs comme neige. Mais la loyauté est souvent plus importante que l'honnêteté lorsque les décisions de justice sont dictées par le pouvoir central.

 

D'autant plus qu'avec les Jeux olympiques qui arrivent à grands pas, plusieurs flairent les avantages politiques et financiers de décrocher la mairie. Boris Nemtsov croit toutefois que le Kremlin a décidé de parachuter des candidats fantoches de Moscou simplement pour lui enlever de la visibilité. «Le Kremlin ne veut pas se compliquer la vie, ajoute Nikolaï Petrov. Quiconque participera dans la lutte le fera avec son accord. « Le Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR, extrême droite), roche du pouvoir, a ainsi lancé, le 13 mars, dans la course l'un de ses députés les plus célèbres à l'étranger : Andreï Lougovoï, principal suspect dans le meurtre à Londres, en 2006, de l'exagent du FSB (services secrets russes) Alexander Litvinenko. La justice britannique exigeant son extradition, le LDPR l'avait fait élire à la Douma (chambre basse) en décembre 2007 pour lui assurer l'immunité parlementaire. Mais, surprise, Lougovoï a retiré hier sa candidature.

L'intrigant milliadaire Alexander Lebedev a aussi annoncé sa candidatu re la semaine dernière. Elle a tout de suite été appuyée par son ami et partenaire d'affaires, l'exdirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev. L'ancien agent du KGB, allié puis opposant très modéré à Vladimir Poutine, souhaite remettre de l'ordre dans la ville avant les JO de 2014. Comme Nemtsov, il propose même de déplacer la plupart des épreuves olympiques à des milliers de kilomètres de Sotchi pour éviter la const ruct ion de gigantesques installations sport ives d'hiver en climat subtropical, qui pourraient se transformer en éléphants blancs.

D'autant plus qu'avec la crise, le budget pour la construction des infrastructures a dû être amputé des deux tiers cette année. Neuf candidats sont actuellement en lice, alors que la ballerine Anastasia Volotchkova a fait part hier de son intérêt à se lancer dans la course. Sotchi a connu quatre maires en un an. Le premier est parti diriger Olympstroï , la société d'État responsable de la construction des installations olympiques. Le second à être élu a quitté après à peine trois mois pour des raisons de santé. Les deux autres assura ient leur intér im, dont Anatoly Pakhomov. Il sera le candidat du parti de Vladimir Poutine, Russie Unie, et son affiliation risque bien de lui permettre de conserver le poste.

Indépendance convoitée

Pourquoi tant de candidats ? C'est que depuis 2004, les gouverneurs régionaux ne sont plus élus au suffrage universel, mais suggérés par le Kremlin pour approbation par les parlements régionaux. La mairie est donc devenu le poste le plus important en région qui ne dépende pas directement de Moscou. Mais l'indépendance n'est pas sans danger. Au cours des dernières années, les maires de grandes villes comme Tomsk, Volgograd, Vladivostok et Arkhangelsk se sont retrouvés derrière les barreaux. Tantôt pour avoir prétendument pigé dans la caisse de la ville, tantôt pour corruption ou même... pour avoir falsifié un diplôme scolaire.

En Russie, toutes les accusations sont bonnes pour neutraliser les maires qui entrent en conflit avec les gouverneurs pour des questions budgétaires et de répartition des pouvoirs. Non pas que les premiers magis t rat s soient toujour s blancs comme neige. Mais la loyauté est souvent plus importante que l'honnêteté lorsque les décisions de justice sont dictées par le pouvoir central.

Photo: archives AP

Boris Nemtsov est un ancien vice-premier ministre sour Boris Elstine et l'un des opposant du premier ministre Vladimir Poutine.