Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé samedi qu'il n'y avait «aucune preuve que l'Iran a décidé de fabriquer l'arme nucléaire» et appelé à «négocier» avec «respect» avec Téhéran.

«Il n'y a aucune preuve que l'Iran a décidé de fabriquer l'arme atomique», a assuré M. Lavrov lors d'un débat à Bruxelles. Tant que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sera présente en Iran, «les manipulations nécessaires dans les centrifugeuses iraniennes» pour passer de la production d'uranium légèrement enrichi pour le nucléaire civil à de l'uranium suffisamment enrichi pour une utilisation militaire «seraient immédiatement détectées par les caméras», a-t-il souligné.

Ce qu'il faut utiliser avec l'Iran «ce sont des négociations, du respect, du dialogue», notamment «sur tous les problèmes du Proche-Orient», a ajouté le chef de la diplomatie russe, citant l'Irak et le Liban, mais aussi le Pakistan et l'Afghanistan.

«Il faut dialoguer en considérant que l'Iran représente une partie constructive de la solution, pas une partie du problème», a-t-il ajouté, en présence du diplomate en chef de l'UE Javier Solana.

Le chef de la diplomatie russe a par ailleurs estimé que le message envoyé par le président américain Barack Obama aux dirigeants iraniens était un bon «exemple de la façon dont les gens devraient faire de l'autocritique, même au plus haut niveau».

M. Obama a pris l'initiative historique de s'adresser directement aux dirigeants iraniens en leur proposant de surmonter 30 ans de relations hostiles, dans un message diffusé pour le nouvel an iranien dans la nuit de jeudi à vendredi.

Les grandes puissances mènent depuis plusieurs années une double politique pour tenter de convaincre l'Iran de renoncer à tout enrichissement d'uranium, qui leur fait craindre que ce pays ne cherche à se doter de l'arme atomique.

D'un côté, ils proposent de relancer la coopération économique et politique avec ce pays si Téhéran cesse l'enrichissement, de l'autre ils ont mis en place des sanctions contre l'Iran.

Les Européens ont commencé à réfléchir à de nouvelles sanctions contre Téhéran, dans l'espoir que cela vienne soutenir la nouvelle politique de la main tendue de Washington et pousse Téhéran à des concessions.

Mais la Russie, dont les Occidentaux jugent qu'elle pourrait jouer un rôle clé pour convaincre Téhéran, est opposée à tout nouveau renforcement des sanctions.