Environ 300 «terroristes» sont prêts à s'opposer par la force au processus de paix en Irlande du Nord, a averti dimanche le chef de la police locale, tandis que les interpellations se multipliaient dans l'enquête sur les récents attentats.

«Ces dix-huit derniers mois ou à peu près, il y a eu au moins 25 tentatives de terroristes dissidents de tuer des policiers en service ou non... Nos connaissances actuelles sont que leur nombre est d'environ trois cents», écrit Hugh Orde dans une lettre ouverte publiée par le journal britannique News of the World. «Ils sont en plus très dangereux, comme des animaux à l'abattoir», ajoute le chef de la police nord-irlandaise (PSNI).

Ces déclarations interviennent au moment où semble s'accélérer l'enquête sur les récents attentats commis par des républicains opposés au processus de paix et qui ont fait trois morts.

Neuf personnes étaient interrogées dimanche par la police : cinq dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat d'un policier lundi 9 mars à Craigavon, près de Belfast, et quatre autres en liaison avec le meurtre de deux soldats britanniques, samedi 7 mars, également non loin de Belfast.

Sur l'affaire du policier, deux nouvelles interpellations ont eu lieu samedi soir à Craigavon, dont celle d'une femme de 30 ans. Trois personnes avaient déjà été interpellées vendredi soir et mardi.

Dans l'enquête parallèle concernant l'assassinat des deux soldats, un homme a été interpellé samedi soir, venant s'ajouter aux trois personnes déjà placées en détention samedi matin.

Parmi elles se trouve, selon des sources proches du dossier, Colin Duffy, une des figures de l'IRA, qui a pris ses distances avec le Sinn Féin, principal parti catholique, critiquant sa décision de collaborer avec la police.

L'arrestation de Colin Duffy a été suivie d'incidents sporadiques samedi soir à Lurgan, sa ville d'origine au sud-ouest de Belfast, où des cocktails molotov ont été lancés contre la police.

Un revolver et des munitions ont par ailleurs été saisis au cours d'une fouille effectuée à Craigavon, bastion républicain.

L'assassinat du policier a été revendiqué par l'IRA-Continuité, un groupuscule dissident de l'Armée républicaine irlandaise (IRA). Les meurtres par balle des deux soldats ont eux été revendiqués par l'IRA-Véritable, un autre groupe opposé aux accords de paix signés en 1998 et qui continue à réclamer le départ des Britanniques d'Irlande du Nord.

Ces attentats sont les premiers à viser des membres des forces de sécurité depuis plus de dix ans, ce qui fait craindre un nouvel embrasement de la province.

«Mais nous devons mettre tout cela en perspective», nuance cependant M. Orde. «Ces groupes sont petits. L'IRA-Véritable et Continuité sont désorganisées et infiltrées... Nous avons identifié la plupart des membres. Nous travaillons d'arrache-pied pour perturber leurs actions et les arrêter», a-t-il ajouté, soulignant la «condamnation sans faille» des récentes violences par «tous les partis politiques» d'Ulster.

Comme en réponse à ces déclarations, un républicain radical dissident, Ruairi O'Bradaigh, assure dans une interview publiée dimanche par le journal The Observer: «Tant qu'il y aura des Britanniques, l'IRA subsistera sous une forme ou une autre». Et le président du Sinn Féin républicain, parti dissident du Sinn Féin, d'ajouter: «Ce qui s'est passé le week-end dernier se reproduira à tout moment».