Certains le surnomment «Monsieur Fils». D'autres, «le prince Jean». D'autres encore se contentent de «Junior». À 22 ans à peine, Jean Sarkozy est, à n'en pas douter, le digne fils de son père. Le cadet des deux garçons issus de son premier mariage a le virus de la politique dans le sang.

Bien entendu, dans son département des Hauts-de-Seine, le plus riche de France, et dans son fief de Neuilly, le grand et mince jeune homme blond à la gueule de séducteur bénéficie de l'onction présidentielle. Mais, comme son père à l'époque, c'est un ambitieux féroce et un travailleur infatigable, qui semble ne vivre que pour la politique.

 

À l'époque, on avait admiré Nicolas Sarkozy pour sa précocité. Militant à plein temps du RPR (l'ancêtre de l'UMP) dès l'âge de 20 ans, il avait stupéfié tout le monde en s'emparant à la hussarde, à 28 ans, de la mairie de Neuilly.

Il est possible que Jean brûle les étapes encore plus rapidement que son père. Il est vrai que ses relations privilégiées avec l'Élysée ne nuisent pas, dans ce département où l'UMP, le parti présidentiel, règne en maître.

«Si quelqu'un a un message à me faire passer, qu'il le dise à mon fils Jean», confiait le président Sarkozy le 21 novembre à des élus UMP du coin. Ce qui donne un certain poids politique à «Monsieur Fils».

Mais ce n'est pas qu'un «fils à papa», notent même des observateurs peu suspects de sympathie pour la droite. Celui qui passait pour un dilettante et un fêtard, dans les boîtes de la jeunesse dorée de l'Ouest parisien, est omniprésent à Neuilly et ailleurs dans le département. Conseils d'administration de collèges, réunions dans des sous-sols de militants UMP locaux, sorties d'écoles, marchés du samedi: tel un vieux pro, il laboure le terrain. Puissamment aidé par des personnalités sarkozystes qui n'ont rien à refuser à son père. Mais avec une vraie stratégie.

Aux municipales de mars 2008, à 21 ans, il avait rêvé un instant d'enlever la mairie de Neuilly à la faveur d'une guerre interne au sein de la droite. Il y avait sagement renoncé et préféré une élection au Conseil général.

Trois mois plus tard, il était chef du groupe UMP de l'assemblée, avec en ligne de mire les élections cantonales de 2011, où il pourrait bien, à 24 ans, s'emparer de la présidence des Hauts-de-Seine. Une formidable implantation locale, qu'il compléterait en se faisant élire député de la circonscription de Neuilly en 2012. En écartant de son passage l'actuel président, Patrick Devedjan, 64 ans, un compagnon de longue date de Sarkozy.

Après quoi ce serait, aux municipales de 2014, la mairie de Neuilly, détenue par un élu de droite non inscrit, à qui il a déclaré la guerre.

«Mon fils m'épate», a récemment confié Nicolas Sarkozy en toute candeur. Sur quoi le député-maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, homme de confiance du président dans les Hauts-de-Seine, a ajouté, sur le ton de la plaisanterie: «Ton fils, c'est toi. En mieux.»