Le Sénat italien était convoqué lundi soir en session d'urgence pour adopter une loi permettant au gouvernement de Silvio Berlusconi d'empêcher la mort d'Eluana, plongée depuis 17 ans dans un état végétatif.

Après que la famille d'Eluana a obtenu de la justice l'autorisation de la laisser mourir, les médecins ont cessé vendredi dernier de l'alimenter et de l'hydrater pour ne plus lui administrer que des sédatifs destinés à lui épargner des souffrances.

Le cas de la jeune femme de 38 ans (bien 38 et non 37 comme indiqué auparavant par erreur) divise profondément l'Italie.

L'opposition de gauche accuse le gouvernement d'utiliser ce cas qui émeut les Italiens pour tenter de remettre en cause l'indépendance de la Justice soutenue par la Présidence de la République.

Le président Georgio Napolitano a refusé vendredi de signer un décret-loi que lui présentait le gouvernement pour exiger la reprise de l'alimentation d'Eluana. Il estimait ce texte «inconstitutionnel» et violant les prérogatives des tribunaux qui avaient déjà tranché définitivement en accordant à la famille de la jeune femme l'autorisation de la laisser mourir.

La puissante église catholique italienne et le Vatican ont jeté tout leur poids dans la bataille pour faire alimenter Eluana au nom du «respect de la vie de sa conception à sa fin naturelle».

Au Parlement, une course contre la montre s'est engagée et les sénateurs devraient voter le projet de loi mardi dans la matinée, selon l'agenda établi par les chefs de groupe. Ils devront entre-temps se prononcer sur un millier d'amendements déposés par des élus de l'opposition.

La Chambre des députés a prévu pour sa part un vote secret mercredi vers 14H00 GMT ce qui permettrait à la loi d'entrer définitivement en vigueur le même jour ou au plus tard le lendemain.

Cette hâte, sans précédent dans l'histoire parlementaire italienne, est justifiée par Silvio Berlusconi qui ne veut pas «être accusé de non-assistance à personne en danger» et par ce qu'il estime être la volonté d'une majorité des Italiens.

Selon un sondage publié dimanche par le Corriere della Sera, l'Italie est divisée à égalité entre ceux qui pensent qu'il faut maintenir l'alimentation (47%) et ceux qui y sont opposés, 6% n'ayant pas exprimé d'opinion.

Un sondage de la chaîne d'information en continu Sky TG-24 affirme en revanche que 62% des Italiens sont opposés à une loi contraignant une personne dans le coma à être alimentée de manière artificielle.

Selon ses médecins, Eluana se trouvait lundi dans un «état stable».

Plusieurs spécialistes cités par la presse italienne estiment que faute d'alimentation d'Eluana dans les jours qui viennent, un point de non-retour sera atteint qui ne permettra plus de la maintenir en vie.

Son neurologue personnel a cependant estimé lundi dans le Corriere que son espérance de vie pourrait être de 12 à 14 jours à partir de l'arrêt de l'alimentation, ce qui situerait sa mort entre le mardi 17 et le jeudi 19 février.

L'Eglise catholique a lancé des appels à la prière pour «sauver Eluana», tandis qu'à l'opposé, les partisans de l'euthanasie multipliaient les manifestations et les sit-in de solidarité avec sa famille.