Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a reçu mercredi le soutien du premier ministre François Fillon après sa mise en cause dans un livre paru mercredi, dont il a rejeté en bloc les accusations de conflit d'intérêt.

Devant l'Assemblée nationale, Bernard Kouchner a affirmé avoir toujours agi «en toute transparence et en toute légalité», ajoutant que le livre «Le Monde selon K» du journaliste-écrivain Pierre Péan était «fait d'amalgames et d'insinuations» et portait des attaques «nauséabondes».

Le livre critique sévèrement les positions de Bernard Kouchner, en particulier sur le Rwanda, et l'accuse de mélanger ses activités publiques et privées.

Dans un communiqué, François Fillon a dit sa «confiance» et son «respect» à Bernard Kouchner, estimant que «rien ne justifie que la réputation d'un homme soit ainsi piétinée suite à de simples allégations».

La principale accusation de Pierre Péan concerne des activités de consultant dans le secteur de la santé en Afrique, entre 2002 et 2007, après la défaite électorale de la gauche, à laquelle Bernard Kouchner appartenait, et avant sa nomination dans un gouvernement de droite.

Selon le journaliste, il a mené ces activités pour deux sociétés privées gérées par deux proches alors qu'il présidait un groupement d'intérêt public, Esther, consacré à la coopération internationale hospitalière.

Selon Pean ces sociétés ont vendu pour près de 4,6 millions d'euros d'études sur la réforme des systèmes de santé gabonais et congolais et une partie de ces sommes n'a été recouvrée qu'après l'entrée en fonctions de Bernard Kouchner au Quai d'Orsay, le 18 mai 2007.

Le ministre assure n'être pas intervenu, il a expliqué à l'hebdomadaire Nouvel Observateur qu'il avait dit au président gabonais Omar Bongo «que je ne pouvais plus m'occuper du système gabonais d'assurance maladie». Selon son entourage les accusations sur les contrats africains «ne s'appuient sur rien».

Pierre Péan a précisé mercredi qu'il ne reprochait «rien d'illégal» à Bernard Kouchner, sinon d'être en décalage avec ses principes moraux. «L'image, c'est le chevalier blanc avec le socle de la morale. Je trouve dès le début des années 90 un certain nombre de choses qui ne sont pas en accord avec cette image», a-t-il déclaré.

Le ministre, de son côté, s'en est pris à l'expression «cosmopolitisme anglo-saxon», utilisée par Pierre Péan dans son livre et qu'il définit en substance comme une renonciation par Bernard Kouchner à l'indépendance nationale française.

«Le cosmopolitisme, en des temps difficiles, ça ne vous rappelle rien?», a lancé Bernard Kouchner, aux origines juives connues, en évoquant implicitement l'association de ce terme à l'antisémitisme dans la France d'avant la deuxième guerre mondiale.

«Certains réseaux me détestent. Lesquels? Certainement les nostalgiques des années 30 et 40 et tous les révisionnistes, ceux d'hier et ceux qui, aujourd'hui, réécrivent l'histoire du génocide tutsi au Rwanda», a-t-il ajouté au Nouvel Observateur.

Hostile au rapprochement de la France avec le président rwandais Paul Kagamé, un Tutsi, Pierre Péan a écrit en 2005 que les Tutsi, généralement présentés comme les victimes du génocide de 1994, devaient aussi en être tenus pour responsables.