Le Vatican, à nouveau contraint mercredi de s'expliquer sur la réintégration controversée d'un évêque négationniste, lui a demandé pour la première fois de renier «publiquement» ses propos sur la Shoah, après de vives critiques de la chancelière allemande Angela Merkel.

Le Vatican a souligné dans un communiqué que l'évêque négationniste Richard Williamson, devait «prendre sans équivoque et publiquement ses distances» avec ses déclarations sur la Shoah avant d'être admis aux fonctions épiscopales dans l'Eglise catholique.

La secrétairerie d'État du Vatican a en outre assuré que les déclarations de Williamson, qui a nié l'existence des chambres à gaz, n'étaient «pas connues» de Benoît XVI «au moment de la levée de l'excommunication» des quatre évêques intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX).

La vive émotion provoquée par cette mesure a conduit le pape à exprimer la semaine dernière sa «solidarité» avec les juifs et à condamner la négation de la Shoah.

La chancelière allemande a cependant jugé mardi que la «clarification» du Vatican avait été «insuffisante». Mme Merkel, compatriote du pape, est le premier chef de gouvernement à avoir officiellement critiqué la levée de l'excommunication de l'évêque négationniste.

La question de la Shoah est particulièrement sensible en Allemagne, où cette affaire a provoqué l'indignation de la communauté juive et de représentants de l'Eglise catholique.

Ces nouvelles «explications» publiées mercredi par la secrétairerie d'État, le «gouvernement» du Saint-Siège, interviennent alors que le porte-parole du Vatican avait répliqué à Mme Merkel que la condamnation par Benoît XVI des propos négationnistes de Williamson «ne pouvait être plus claire».

Quelques heures avant les critiques de Mme Merkel, le secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, avait également estimé que cette affaire pouvait «être considérée comme close».

Vendredi, l'évêque britannique, qui réside en Argentine, a exprimé ses «regrets sincères» pour les «souffrances» causées au pape Benoît XVI par ses «remarques imprudentes», mais il ne les a ni rappelées ni rétractées.

Richard Williamson, 67 ans, a nié l'existence des chambres à gaz dans un entretien à la télévision suédoise diffusé deux jours avant la publication le 24 janvier du décret levant l'excommunication, qui porte la date du 21 janvier.

«Je crois qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz (...) Je pense que 200 000 à 300 000 Juifs ont péri dans les camps de concentration, mais pas un seul dans les chambres à gaz», avait-il dit.

Le supérieur général de la FSSPX, Mgr Bernard Fellay, a demandé «pardon» au Pape et à «tous les hommes de bonne volonté» après ces propos.

Le communiqué du Vatican pose également mercredi comme «condition indispensable à une future reconnaissance de la FSSPX la pleine reconnaissance du concile Vatican II et des papes» qui ont suivi ce concile.

Les catholiques intégristes avaient rompu avec le Vatican en 1988 après l'ordination de quatre évêques par le fondateur de la FSSPX, Mgr Marcel Lefebvre, sans l'accord du pape.

Ils étaient en désaccord avec les nouvelles orientations de l'Eglise catholique adoptées par le concile Vatican II (1962-65), notamment la reconnaissance de la liberté religieuse et l'abandon de la doctrine attribuant aux juifs la responsabilité de la mort du Christ.