Anticipant vendredi de quelques mois son 50e anniversaire, l'ETA a exprimé sa volonté de «continuer à lutter» par «tous les moyens» pour l'indépendance du Pays Basque, laissant prévoir la poursuite de ses attentats vendredi, à un mois pile des élections régionales basques.

L'organisation armée appelle en même temps les indépendantistes basques à «unir leurs forces» pour «prendre le chemin de l'indépendance par des voies pacifiques et démocratiques», dans un communiqué au journal indépendantiste basque Gara.

L'ETA, jugée responsable de 825 morts en 40 ans de violences, souligne que cet objectif est contrecarré par «les Etats ennemis (l'Espagne et la France, ndlr) qui ne montrent pas la moindre volonté» de reconnaître le droit des Basques à l'autodétermination.

«En attendant, nous devrons continuer à lutter de toutes nos forces et par tous les moyens», ajoute l'ETA.

Ce message a été rendu public juste un mois avant les élections régionales du 1er mars au Pays Basque susceptibles de déboucher sur un séisme politique.

Les socialistes semblent en effet pour la première fois en mesure, selon les sondages, de briser l'hégémonie du Parti nationaliste basque (PNV, centre-droit) qui dirige la région sans interruption depuis 1980.

Les partis indépendantistes radicaux qui refusent de condamner la violence de l'ETA et représentent environ 10% de l'électorat basque, seront exclus de ce scrutin, à commencer par Batasuna, son bras politique interdit.

Le gouvernement a ainsi donné vendredi en conseil des ministres son feu vert au lancement de la procédure visant à écarter des élections deux récentes formations indépendantistes («Démocratie 3.000.000» (D3M) et Askatasuna), soupçonnées d'être des paravents de Batasuna et d'autres formations interdites.

Une victoire électorale socialiste au Pays Basque porterait un coup dur à la mouvance nationaliste, y compris à l'ETA, qui a repris ses attentats à la mi-2007 à l'issue d'une trêve de 15 mois, après l'échec de négociations de paix avec le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero.

Face à cette menace, et au trouble provoqué dans sa mouvance par son retour aux armes et l'arrestation de ses principaux dirigeants en 2008, l'ETA justifie ses méthodes en dressant un bilan politique flatteur de sa trajectoire.

L'ETA «vient du peuple et se régénère au sein du peuple sans arrêt, décennie après décennie. D'où son invincibilité», assure sa nouvelle direction.

Et ce «même si aujourd'hui comme il y a 50 ans, les gouvernants espagnols disent que l'ETA est sur le point de perdre».

L'ETA, a été fondée le 31 juillet 1959 par des étudiants nationalistes d'inspiration marxiste-léniniste qui accusaient le Parti nationaliste basque d'«immobilisme» face au franquisme. Son premier attentat meurtrier remonte à 1968.

L'organisation estime dans son communiqué que grâce à son action, l'adhésion aux thèses indépendantistes est supérieure aujourd'hui à ce qu'elle était il y a 30 ou 50 ans.

L'ETA ajoute, pour alimenter la flamme de ses sympathisants, que les 20 dernières années ont vu naître en Europe, ou verront naître selon elle, des Etats comme «l'Irlande, la Slovénie, la Croatie, la Lituanie, voire l'Ecossse».