Les détails commencent à émerger sur la personnalité du responsable de la tuerie de la crèche en Belgique, un jeune homme souffrant «de troubles psychiques», selon son avocat, mais dont l'internement n'a pas été jugé nécessaire par un psychiatre il y a deux ans.

«Il y a des preuves qu'il souffre de troubles psychiques, mais ça, le rapport psychiatrique devra le démontrer. Vers ses 15, 16 ans, il a eu une grave dépression et avait adopté un comportement étrange», a déclaré mardi à la presse l'avocat commis d'office, Me Jaak Haentjens.

«Lorsqu'il avait 18 ans, ses parents voulaient le faire interner, mais ce n'est pas arrivé parce que Kim De Gelder a accepté de suivre un traitement. Un psychiatre a estimé qu'un internement n'était pas nécessaire. Kim entendait à l'époque des voix dans sa tête», a-t-il ajouté.

Ces deux dernières années, le jeune homme, aujourd'hui âgé de 20 ans et au chômage, a continué à s'isoler de plus en plus de sa famille, jusqu'à prendre un appartement où il vivait seul depuis quelques mois, selon l'avocat. Des informations qui viennent compléter la description d'adolescent replié sur lui-même faite par ses anciens camarades d'école.

Me Haentjens s'exprimait après que des magistrats ont confirmé le mandat d'arrêt délivré vendredi à l'encontre de son client par un juge d'instruction, prolongeant ainsi sa détention provisoire.

Lors de cette audience à huis clos, Kim De Gelder, inculpé vendredi de l'assassinat à coups de couteau de deux bébés et d'une puéricultrice de la crèche «Le pays des fables» de Termonde (nord-ouest), n'a rien dit.

Me Haentjens avait laissé entendre lundi soir que Kim De Gelder avait implicitement reconnu devant lui les faits de Termonde et qu'il disait «comprendre avoir fait quelque chose d'inhumain».

Mais l'avocat s'est montré beaucoup moins affirmatif mardi: «Lorsqu'il est confronté à ce qu'il s'est passé, il dit qu'il ne se souvient de rien, mais il se dit désolé et trouve effrayant ce qui est arrivé aux victimes», a déclaré Me Haentjens.

Selon l'avocat, son client, resté muet jusqu'à lundi et qui avait même cessé de s'alimenter pendant le week-end, accepte désormais de collaborer avec les enquêteurs.

Ceux-ci sont persuadés que le jeune homme, jusque-là inconnu de la police, avait déjà commis le 16 janvier un meurtre «abominable», en poignardant une femme de 73 ans, Elza Van Raemdonck, dans sa ferme de Beveren. Cette localité se trouve, comme Termonde, dans un rayon de 15 km de son domicile.

Le jeune homme a affirmé à son avocat «tout ignorer» de cette affaire, mais le parquet assure, sans donner de détails, avoir des «éléments très concrets pour lier les deux faits».

Selon le journal flamand Het Laatste Nieuws, les enquêteurs ont trouvé dans son ordinateur un fichier contenant des informations précises sur Elza Van Raemdonck, créé plusieurs jours avant le meurtre de la vieille dame.

A côté du nom d'Elza Van Raemdonck était écrit: «Résultat de l'action: 1», selon le journal.

Le fichier de l'ordinateur ne laisse également aucun doute sur le fait que Kim De Gelder avait précisément planifié son équipée mortelle à Termonde, au «Pays des Fables» mais aussi dans deux autres structures d'accueil de jeunes enfants, ajoute Het Laatste Nieuws.

Un collège de trois psychiatres désigné par le juge d'instruction a rencontré une première fois le suspect lundi. Dans les prochaines semaines ou les prochains mois, ils devront définir si Kim De Gelder était responsable de ses actes au moment des faits et à présent.

Ce sont aussi ces psychiatres qui devront dire s'il doit comparaître devant une cour d'assises ou être placé pour une durée indéterminée dans une institution psychiatrique.