Les sociaux-démocrates ont été laminés dimanche aux élections régionales de Hesse, et les chrétiens-démocrates de la chancelière Angela Merkel pourront facilement y gouverner avec les Libéraux comme ils espèrent le faire à Berlin après les législatives de septembre.

CDU et SPD gouvernent ensemble à Berlin au sein d'une «grande coalition», mais le ministre social-démocrate des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier veut tenter de ravir la chancellerie à Mme Merkel en septembre.

L'Union chrétienne-démocrate (CDU) a recueilli en Hesse, qui abrite le centre financier international de Francfort, 37,2% des suffrages, contre 36,8% aux élections précédentes du 27 janvier 2008, selon les résultats officiels provisoires.

Le Parti social-démocrate (SPD), empêtré dans la question de l'alliance avec la gauche radicale Die Linke - oui au niveau régional, non au niveau national - n'a obtenu que 23,7% des suffrages contre 36,7%, chutant à son plus bas niveau historique dans ce Land (Etat régional).

Le parti libéral FDP a pour sa part connu une «victoire électorale époustouflante», s'est réjoui son patron Guido Westerwelle, avec 16,2% des suffrages contre 9,4% il y a un an. C'est son meilleur score régional depuis 1956.

CDU et FDP ont confirmé dimanche soir qu'ils gouverneraient ensemble, comme ils l'avaient annoncé et comme ils l'ont fait entre 1999 et 2003.

«Le résultat de ce soir montre que la CDU est le seul grand parti populaire du centre», a lancé le secrétaire général du parti, Ronald Pofalla. «Si on considère cette année électorale, nous avons toutes les chances de gagner au niveau fédéral avec plus de 40%».

«C'était un très mauvais résultat (...) mais la République votera tout autrement» aux législatives, a déclaré le secrétaire général du SPD Franz Müntefering.

«Je ne crois pas (qu'au niveau national) les gens veuillent une coalition Noir-Jaune», a-t-il ajouté, faisant allusion aux couleurs de la CDU et du FDP.

Une défaite aussi cuisante pourrait avoir «un effet psychologique» déstabilisant pour le SPD à l'échelle nationale, prédisait toutefois le politologue Oskar Niedermayer, de l'Université libre de Berlin.

Nombre d'analystes soulignent également que le SPD est entravé par sa participation à la «grande coalition»: crise oblige, M. Steinmeier doit parler à l'unisson de Mme Merkel pour relancer la première économie européenne.

«Les périodes de crise sont toujours favorables à ceux qui sont au pouvoir», commentait le quotidien Berliner Zeitung à paraître lundi.

«La stratégie (de la CDU), qui vise à s'élargir au centre, fonctionne: la sociale-démocratie est marginalisée», estimait de son côté le Berliner Morgenpost.

Le scrutin en Hesse, un des Länder les plus riches d'Allemagne, ouvre une série de 16 élections - communales, régionales, présidentielle et européennes - qui culminera avec les législatives du 27 septembre.

Les Verts ont recueilli 13,7% des voix et Die Linke, mélange de déçus du SPD et d'ex-communistes est-allemands, a franchi la barre des 5% qui permet d'entrer au Parlement régional (5,4%).

Ces élections anticipées étaient la conséquence du deuxième échec essuyé par le chef local du SPD, Mme Andrea Ypsilanti, pour former un gouvernement avec les Verts, avec le soutien de Die Linke.

Elle avait rejeté ce soutien pendant sa campagne mais l'avait prôné après le scrutin de janvier 2008, suscitant incompréhension et colère d'une partie des sociaux-démocrates.

Conséquence de sa débâcle, Mme Ypsilanti a annoncé dimanche sa démission de la présidence du SPD de Hesse et de celle du groupe parlementaire régional.

M. Steinmeier a fermement exclu toute alliance avec Die Linke pour conquérir le pouvoir à Berlin, mais pas à l'échelon régional.

«Ces doubles règles du SPD, aux niveaux national et régional, risquent de renforcer son problème de crédibilité», les électeurs ne sachant pas avec certitude avec qui il gouvernerait, selon la politologue Viola Neu.