Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a fait savoir jeudi qu'il était favorable à un éventuel accueil «au cas par cas» en France de détenus de Guantanamo qui seraient libérés.

«Bernard Kouchner souhaite que l'on puisse examiner favorablement, comme d'autres pays européens, la question de l'accueil de personnes détenues à Guantanamo, ce que souhaitent également plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Eric Chevallier.

«Naturellement, cet examen devrait faire suite à des demandes individuelles des personnes concernées qui seraient étudiées au cas pas cas, et en évaluant notamment attentivement les implications judiciaires et le risque sécuritaire», a-t-il poursuivi.

«Nous considérons que les prisonniers libérés de Guantanamo craignant pour leur sécurité ne doivent pas être renvoyés dans leur pays d'origine et doivent avoir la possibilité, si ils ne le sont pas aux Etats Unis, d'être accueillis dans un pays tiers», a poursuivi le porte-parole.

M. Chevallier s'est déclaré «très heureux» de l'intention du futur président américain, Barak Obama, «de revoir le cadre général dans lequel est menée la lutte contre le terrorisme par les Etats-Unis et de fermer le centre de Guantanamo», comme le demande l'Union européenne.

Amnesty International et l'ONG britannique Reprieve (spécialisée dans la défense des prisonniers menacés de mort ou de torture à l'étranger), ont demandé mardi à la France d'accepter d'accueillir en France l'Algérien Nabil Hadjarab, détenu à Guantanamo depuis février 2002.

Nabil Hadjarab a admis s'être rendu en Afghanistan via Londres et mais a démenti avoir participé à des camps d'entraînement. Il a affirmé n'avoir jamais combattu et est depuis plus de deux ans considéré comme «libérable» par la justice militaire américaine.

Selon la presse américaine, M. Obama devrait signer dès son investiture, le 20 janvier, l'ordre de fermeture de ce centre devenu le symbole des excès et de l'arbitraire dans la lutte engagée par les Etats-Unis contre le terrorisme.

Quelque 250 personnes sont aujourd'hui détenues à Guantanamo, sur 800 environ passés par ses cellules.