Un tribunal turc a condamné cinq membres d'une même famille à la prison à vie pour le meurtre d'une jeune fille tombée enceinte après un viol, a affirmé lundi une association féministe.

Dans son verdict rendu vendredi, le tribunal de Van (est) a condamné à l'emprisonnement à perpétuité le frère de Naile Erdas -la victime du «crime d'honneur» en 2006 alors qu'elle avait 16 ans-, que les juges ont désigné comme l'auteur matériel du meurtre, a indiqué l'Association des femmes de Van.

Elle a prononcé la même peine contre le père, la mère et deux oncles de la jeune fille, qu'elle a considéré comme les commanditaires du crime, et a puni de 16 ans et huit mois de prison un troisième oncle coupable d'avoir gardé le silence, des peines exceptionnellement lourdes pour ce type d'assassinats.

«On peut dire que ce verdict est une première en terme de sévérité de la peine et du fait que toute une famille a été condamnée», a déclaré à l'AFP Mazlum Bagli, spécialiste des «crimes d'honneur» à l'université Dicle de Diyarbakir.

Zelal Özgökçe, de l'Association des femmes de Van, s'est réjouie du verdict.

«Cela aura un effet de dissuasion. Les gens vont réaliser qu'ils devront assumer les conséquences d'un crime d'honneur», a-t-elle estimé.

Naile Erdas est tombée enceinte à la suite d'un viol mais à caché son état jusqu'à son hospitalisation pour une forte migraine, au cours de laquelle les docteurs ont constaté sa grossesse.

Quand la famille a proféré des menace et offert des pots-de-vin pour récupérer la jeune fille, les médecins ont décidé de la garder à l'hôpital et ont informé les services d'un procureur.

Une semaine après l'accouchement, celui-ci a autorisé le retour de Naile au domicile familial sur la promesse de son père qu'il ne lui arriverait rien.

Elle était cependant abattue par son frère dans les heures suivant son arrivée à la maison.

Le gouvernement et les associations ont accru lors des dernières années leurs efforts pour éradiquer la pratique des crimes d'hommeur, mais ceux-ci jouissent encore d'une large tolérance dans le sud-est anatolien à la population en majorité kurde, où ils sont le plus souvent commis.