Les pays des Balkans souffraient durement mardi des conséquences de la crise du gaz opposant l'Ukraine et la Russie, nombre d'entre eux enregistrant une interruption totale de leur approvisionnement vital en temps d'hiver.

Les livraisons de gaz russe à la Bosnie, à la Macédoine et à la Serbie ont été totalement interrompues, a-t-on appris de sources officielles.Sarajevo a été informé que «l'Ukraine et la Russie ont réduit de 100% les livraisons de gaz à la Bosnie», a indiqué la compagnie nationale BH Gas dans un communiqué.

«Cela complique gravement la situation et met en danger tous les consommateurs en Bosnie», a-t-on ajouté de même source.

Dans la matinée BH Gas avait fait état d'une réduction de 25%, puis dans l'après-midi de 50% dans la fourniture de gaz russe, avant d'annoncer l'interruption totale des livraisons.

La Macédoine connaît aussi une interruption totale des livraisons de gaz russe, mais le ministre macédonien de l'Economie, Fatmir Besimi, a assuré que «cela n'aura pas de conséquences sérieuses (...) car le pays n'utilise en général que peu de gaz».

Il a toutefois concédé que «sur le long terme, la Macédoine pourrait avoir des problèmes».

La Macédoine consomme environ 170 millions de mètres cubes de gaz par an. Vingt-six entreprises en tout utilisent du gaz, principalement dans les domaines de la métallurgie, de l'industrie alimentaire et pour des centrales de chauffage.

En Serbie, après avoir fait état d'une baisse de 50% des livraisons russes en gaz dans la journée, les autorités ont annoncé une interruption totale dans la soirée.

Le directeur de la compagnie gazière serbe publique Srbijagas, Dusan Bajatovic a appelé toutes les entreprises consommatrices à utiliser du fuel à la place si elles le peuvent. Le pays est confronté à une situation d'exception «dont on ne voit pas la fin et qui pourrait empirer», a-t-il mis en garde.

La Serbie importe quotidiennement 10 millions de mètres cubes de gaz russe.

M. Bajatovic a assuré toutefois que la Serbie disposait de réserves en fuel suffisantes pour le moment, précisant que la compagnie serbe d'électricité travaillait au maximum de ses capacités.

En Croatie, premier pays des Balkans à avoir annoncé une interruption des livraisons mardi à 03h00 GMT (22h00 HNE), les fournitures de gaz russe ont repris dans la soirée à hauteur de 15% du volume prévu, a indiqué le ministère de l'Economie.

«Actuellement, la Croatie reçoit environ 15% des quantités prévues» de gaz, a déclaré à la radio nationale, Branimir Horacek, un responsable du ministère de l'Economie.

Les autorités croates ont néanmoins indiqué qu'elles allaient commencer à imposer des réductions aux gros consommateurs industriels tout en assurant que dans l'immédiat les ménages, les hôpitaux, les écoles et autres institutions publiques ne seraient pas affectés.

La Croatie produit quelque 60% de ses besoins en gaz et en importe 40% de Russie.

Pour leur part, l'Albanie, le Monténégro et le Kosovo ne sont pas reliés au réseau des gazoducs internationaux et comptent essentiellement sur l'électricité comme principale source d'énergie.

L'électricité produite en Albanie est notamment d'origine hydroélectrique.

La Russie a coupé jeudi dernier les fournitures de gaz à l'Ukraine, faute d'un accord sur le prix des livraisons pour 2009, faisant craindre une répétition du scénario de 2006, quand le différend russo-ukrainien avait perturbé l'approvisionnement de plusieurs pays d'Europe.