Un homme de 57 ans, victime samedi soir d'un malaise cardiaque dans la banlieue sud de Paris, est décédé après avoir dû patienter six heures faute de place dans un service de réanimation, en pleine polémique sur les moyens des hôpitaux en France.

L'homme a été pris en charge samedi vers minuit pour des troubles respiratoires par une équipe des urgences médicales avant d'être conduit vers un hôpital où il a fait plusieurs arrêts cardiaques, «jugulés» par un réanimateur.Mais aucun lit disponible en réanimation n'a pu être trouvé avant 05H00, et le patient est décédé vers 06H00 en arrivant à l'hôpital Lariboisière à Paris, où il avait été transféré pour une coronarographie, un examen des artères coronaires par une technique d'imagerie médicale complexe.

L'épouse du défunt a déposé lundi plainte contre X pour «mise en péril de la vie d'autrui».

Ce décès intervient dans un contexte tendu pour les hôpitaux, déjà mis en cause dans la mort il y a quelques jours d'un enfant de trois ans en raison d'une erreur sur le produit qui lui a été injecté, et d'une octogénaire à Paris.

Il précède de quelques semaines l'examen au Parlement d'un projet de loi «hôpital, patients, santé, territoires», alors que la politique hospitalière du gouvernement est de plus en plus contestée par les syndicats, mais aussi par des dirigeants hospitaliers.

Le Parti socialiste a pressé la ministre de la Santé Roselyne Bachelot d'«apporter une réponse immédiate à la situation des services d'urgences en période de fêtes» et de «reprendre à la rentrée une concertation approfondie avec les personnels», qui «ont besoin de moyens».

Des syndicats de médecins ont également déploré les difficultés des services d'urgences et de réanimation.

Le principal syndicat des médecins urgentistes Amuf, à l'origine d'une grève depuis début décembre contre le manque de moyens, a dénoncé une situation «épouvantable» liée aux restrictions budgétaires.

Face à la pluie de critiques, Mme Bachelot a dénoncé un «procès politicien sur le manque de moyens».

«Nous sommes dans une période de tension mais nous avions onze lits disponibles en région parisienne à moins de 20 minutes du malade», a affirmé la ministre, qui a demandé une enquête à l'Inspection générale des affaires sociales. Elle a jugé qu'«il y avait toute possibilité d'accueillir» le patient décédé dimanche.

«Il n'y a pas de dysfonctionnement structurel, mais un problème de régulation», a ajouté Mme Bachelot, qui estime que la réforme de l'hôpital permettra une meilleure régulation par «un pilotage régional unifié».