Moscou a dit lundi espérer une résolution du conflit gazier avec Kiev, alors qu'à moins de trois jours de l'expiration de l'ultimatum fixé par le géant russe Gazprom à l'Ukraine, aucune avancée n'a été constatée pour que les livraisons de gaz se poursuivent après le 31 décembre.

«Je viens de parler à Viktor Andreïevitch (Iouchtchenko, le président ukrainien, ndlr) et pour l'instant nous ne nous sommes pas mis d'accord», a déclaré le Premier ministre russe Vladimir Poutine, selon l'agence Ria Novosti.Selon Moscou, l'Ukraine doit plus de deux milliards de dollars à Gazprom pour les livraisons de gaz de novembre, de décembre et pour régler les amendes infligées pour des retards de paiements.

«Ils ne veulent pas payer», a affirmé M. Poutine.

Kiev conteste une partie des amendes et assure aussi avoir du mal à payer en raison de la crise qui a provoqué une chute dramatique de sa monnaie.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andreï Denissov a lui dit espérer une solution au conflit gazier avant le 31 décembre, date à laquelle expire le contrat entre Gazprom et l'Ukraine et sans le renouvellement duquel aucune livraison de gaz n'aura lieu à partir du 1er janvier.

Le règlement de ce conflit est d'autant plus important pour Kiev, que le président russe Dmitri Medvedev a menacé jeudi l'Ukraine de «sanctions» si les dettes n'étaient pas payées en temps et en heure.

«Je suis sûr qu'il existe une solution. On peut la trouver 15 minutes avant le Nouvel An, comme ce fut le cas avec le Bélarus», a déclaré M. Denissov cité par l'agence Interfax.

Il faisait référence au conflit qui avait opposé jusqu'à la nuit du 31 décembre 2006 la Russie et le Bélarus sur les livraisons de gaz à Minsk. Un accord avait alors été trouvé à la dernière minute.

Le porte-parole du géant russe Gazprom Sergueï Kouprianov avait lui estimé samedi qu'il y avait «une chance sur deux» pour que la Russie cesse ses livraisons de gaz à l'Ukraine le 1er janvier si Kiev ne payait pas sa dette.

Le conseil d'administration de Gazprom a chargé la direction de la société de poursuivre le travail pour que «l'Ukraine paie entièrement ses dettes», a annoncé lundi le groupe dans un communiqué.

Par ailleurs, une délégation de Naftogaz, la société des hydrocarbures de l'Etat ukrainien, se trouvait lundi à Moscou pour mener des négociations avec Gazprom, a appris l'AFP auprès du porte-parole de la compagnie Valentin Zemlianski.

Interrogé sur les chances de voir le gaz coupé le 1er janvier, M. Zemlianski a répondu: «Rien n'est clair. Tout est décidé dans les hautes sphères du pouvoir».

Gazprom a aussi voulu rassurer lundi ses clients européens, 80% du gaz russe vendu à l'Europe passant par l'Ukraine.

Lors d'un précédent conflit russo-ukrainien, les livraisons vers l'Europe avait été affectées en janvier 2006, et Gazprom avait alors accusé Kiev de siphonner le gaz.

Gazprom souligne que Kiev se devait d'obéir à des obligations contractuelles d'une part, et, contrairement à l'hiver 2006, l'Ukraine dispose cette année de réserves gazières suffisantes pour tenir tout l'hiver.

«Les membres du conseil (d'administration) ont particulièrement souligné que Gazprom remplirait entièrement ses engagements vis-à-vis des consommateurs européens», promettait ainsi Gazprom lundi.

«Nous espérons vraiment que nos propositions (...) seront acceptées par la partie ukrainienne, afin de pouvoir entrer dans la nouvelle année avec des contrats signés et rassurer les populations d'Europe, de Russie et d'Ukraine», a pour sa part indiqué le directeur-adjoint de Gazprom, Alexandre Medvedev.

Le PDG du groupe russe, Alexeï Miller avait prévenu vendredi l'Europe que des perturbations pouvaient avoir lieu si un «scénario défavorable» se développait.