Le gouvernement allemand a fait savoir lundi qu'il pourrait envisager d'accueillir des prisonniers de Guantanamo si cette prison américaine controversée ferme, mais uniquement dans le cadre d'une action concertée avec les autres pays de l'Union européenne.

«De notre point de vue, la question d'un accueil de prisonniers ne se pose pas pour l'instant», tant que le président américain élu Barack Obama n'a pas pris ses fonctions et n'a pas mis sur les rails la fermeture de Guantanamo, a indiqué le porte-parole adjoint du gouvernement, Thomas Steg.

«Nous aurions à examiner cette question, et nous voulons l'examiner, quand nous connaîtrons les plans concrets, y compris le calendrier, du (nouveau) gouvernement américain», a-t-il dit.

«Mais je le dis clairement: du point de vue de la chancelière, l'accueil éventuel de détenus de Guantanamo hors de leur patrie et hors des Etats-Unis n'est pas un problème spécifiquement allemand. Si nous y réfléchissons et que nous prenons position, cela ne peut avoir lieu selon nous que dans un contexte européen sur la base d'une entente entre tous les pays membres de l'Union européenne», a prévenu M. Steg.

Il a souligné que l'Allemagne refusera toute négociation avec Washington sur des «conditions» à l'accueil de détenus.

Le camp de détention de la base navale américaine de Guantanamo, à Cuba, compte encore quelque 250 détenus sur les 800 qui y sont passés depuis début 2002.

«De notre point de vue, Guantanamo doit être fermé pour des raisons légales et humanitaires, en terme de droit international et de droits de l'Homme, et pour des raisons morales», a relevé M. Steg.

Le Portugal s'est dit prêt à accueillir des détenus et a appelé les autres pays européens à l'imiter.

Comme l'administration Bush l'a déjà fait pour plus de 500 détenus, le futur gouvernement américain cherchera à renvoyer un maximum de détenus dans leur pays d'origine. Mais la question se pose du sort réservé à ceux menacés de persécution dans leur patrie, comme les Chinois ouïgours, les Algériens ou les Libyens.

Le médiateur du gouvernement allemand sur la question des droits de l'Homme, Günter Nooke, a appelé Berlin à accueillir des Chinois ouïgours.