Le roi Albert II consultait samedi les dirigeants politiques belges, cherchant le moyen de sortir au plus vite de l'impasse provoquée par la démission de tout le gouvernement, présentée la veille par le premier ministre Yves Leterme, en conséquence de ce qui est désormais l'affaire Fortis».

Vendredi, la Cour de cassation, plus haute juridiction belge, a en effet fait part de ses soupçons selon lesquels le gouvernement aurait tenté de faire pression sur les juges ayant gelé la semaine dernière une partie de l'accord conclu en octobre pour sauver de la faillite la banque belgo-néerlandaise Fortis.

Un coup qui a dans un premier temps provoqué la démission du ministre de la Justice et des Réformes institutionnelles, Jo Vandeurzen (CD&V, chrétien-démocrate flamand), puis l'annonce par le premier ministre issu du même parti qu'il mettait celle de toute son équipe dans la balance: bien que disant n'avoir rien à se reprocher, Leterme se considère désormais dans l'incapacité de continuer à gouverner. Albert II a réservé sa réponse.

Tous les partis de gouvernement souhaitent éviter des élections anticipées, arguant de la stabilité indispensable en ces temps de crise économique. Mais hors de question pour un Leterme discrédité de rester en fonctions. Il reviendra au roi de trancher», a commenté Elio Di Rupo, président des Socialistes wallons, membres de la coalition gouvernementale.

Samedi, le monarque, qui a rencontré Jo Vandeurzen, voyait ensuite les présidents de la Chambre et du Sénat, et devrait poursuivre ses consultations jusqu'à la fin du week-end, estiment les observateurs.

Une fois de plus, alors que la Belgique se débat dans une crise majeure depuis l'été 2007, il a plusieurs options: rejeter l'offre de démission de Leterme, convoquer des élections anticipées ou tenter d'explorer les autres hypothèses de constitution d'un autre gouvernement sur la base de la législature actuelle.

«C'est très regrettable», a déploré le ministre de l'Energie Paul Magnette. «Nous devons trouver au plus vite le moyen de réunir une équipe qui puisse répondre avec efficacité aux inquiétudes des gens. C'est ça l'urgence».

L'avenir de Fortis, autrefois première banque du pays, reste en suspens, le gouvernement démissionnaire tentant d'en vendre la majeure partie à la française BNP-Paribas. Des milliers d'emplois sont en jeu et nombre d'actionnaires belges ont vu leurs parts réduites à néant.

L'affaire Fortis a été l'un des principaux tests pour Leterme depuis qu'il devenu premier ministre, mais son gouvernement n'a pas réussi à avancer sur les autres dossiers lourds du pays, institutionnels, sociaux ou économiques.

La formation de sa coalition à l'issue de laborieuses tractations avait mis un terme à une crise aiguë de six mois pendant laquelle la Belgique n'avait pas de gouvernement, aucune majorité claire ne s'étant dégagée des élections de juin 2007, et le fossé se creusant jusqu'à devenir infranchissable entre néerlandophones et francophones.

Yves Leterme avait pris la tête d'un rassemblement de chrétiens-démocrates, libéraux et socialistes, tant flamands et wallons.