La Belgique cherchait une solution samedi et s'orientait vers un gouvernement de transition jusqu'en juin 2009 après la chute du cabinet Leterme, qui s'ajoute à une crise toujours bien présente entre Flamands et francophones concernant l'avenir du pays.

Le gouvernement du premier ministre Yves Leterme a présenté sa démission vendredi après avoir été accusé de pressions sur la justice dans le cadre des efforts de sauvetage de la banque Fortis, une affaire devenue dans la presse belge le «Fortisgate». Le roi des Belges Albert II, à qui revient la décision finale, a réservé sa réponse et a consulté vendredi soir les présidents des partis politiques de la majorité, qui réunit libéraux et chrétiens-démocrates côté flamand et libéraux, socialistes et centristes côté francophone.

Après ces consultations, qui ont repris samedi à la mi-journée, il pourra accepter ou refuser la démission d'Yves Leterme. Mais un maintien au pouvoir de ce dernier semblait peu probable, tant le premier ministre a été contesté, et alors que l'affaire Fortis s'est transformée en quasi-affaire d'État.

«Il est difficile pour lui pour le moment de rester en fonction», car «c'est vraiment l'homme dans sa responsabilité politique propre (...) qui est mis sur la sellette», estimait samedi matin le politologue Jean Faniel.

Les grands quotidiens belges étaient pour l'essentiel sans pitié pour M. Leterme. «Au suivant, et vite!», titrait samedi le journal francophone Le Soir.

M. Leterme, 48 ans, arrivé seulement en mars au pouvoir, avait déjà présenté sa démission en juillet dernier, faute à l'époque d'avoir pu trouver un compromis au sujet des demandes d'autonomies accrues de la communauté flamande du pays. Le roi l'avait alors maintenu en poste.

Désormais, l'avis général des responsables politiques est qu'il faut trouver une solution rapidement, pour éviter une vacance politique dans le contexte de grave crise économique que traverse la Belgique, comme le reste de l'Europe.

La décision du roi «ne peut en aucun cas attendre», «tout au plus un week-end», jugeait dans un éditorial le journal flamand Het Laatste Nieuws.

Les principaux partis politiques refusant l'idée d'élections anticipées immédiates, le scénario considéré le plus probable par les politologues belges est la nomination par le roi d'un gouvernement de transition reprenant pour l'essentiel les partis de la coalition hétéroclite sortante.

Pour Le Soir, «la vraie catastrophe serait d'aller aux élections, de ne pas exercer le pouvoir, vu les enjeux vitaux qui sont sur la table».

Selon ce scénario, le roi devra d'abord désigner un nouveau premier ministre. Parmi les noms sur lesquels spéculent les médias belges: la présidente du parti chrétien-démocrate flamand de M. Leterme, Marianne Thyssen, le président de la chambre des députés Herman Van Rompuy, membre comme elle du parti chrétien-démocrate flamand, voire le libéral francophone Didier Reynders. Ou encore les anciens Premiers ministres flamands Jean-Luc Dehaene et Guy Verhofstadt.

Cette équipe devrait tenir jusqu'à des élections régionales très attendues en juin 2009, qui pourraient être couplées à ce moment là à des législatives anticipées.

La démission du gouvernement fait replonger le pays dans les turbulences politiques, dont il pensait être sorti jusqu'en juin prochain.

Depuis l'été 2007, le royaume a connu une crise quasi-interrompue en raison des disputes entre Flamands néerlandophones et francophones sur l'avenir du pays, privé de gouvernement stable pendant une période record de neuf mois.