Le Premier ministre belge Yves Leterme a proposé vendredi la démission de son gouvernement, à la suite des accusations de pressions sur des magistrats dont il fait l'objet dans l'affaire du sauvetage de la banque Fortis, a annoncé son porte-parole à l'AFP.

«Le Premier ministre propose la démission de son gouvernement», a indiqué Peter Poulussen, ajoutant qu'il avait convoqué immédiatement une réunion à ce sujet de l'ensemble de son cabinet.

Il faut toutefois que le roi des belges Albert II accepte la démission des membres du gouvernement pour qu'elle devienne effective. Il peut accepter, refuser ou encore se donner un délai de réflexion.

Un départ du gouvernement replongerait la Belgique dans une grave crise politique. M. Leterme n'a été nommé qu'en mars, après neuf mois environ pendant lesquels le royaume a vécu sans véritable gouvernement stable, en raison du conflit autour des revendications autonomistes des Flamands néerlandophones.

Peu avant l'annonce du porte-parole de M. Leterme, le ministre belge de la Justice, Jo Vandeurzen, avait déjà annoncé de son propre chef sa démission après que le président de la Cour de cassation eut réaffirmé avoir des «indications importantes» que le gouvernement avait tenté de s'ingérer dans le travail de la justice dans l'affaire Fortis.

Des conseillers de M. Leterme sont accusés d'avoir fait directement pression sur des magistrats pour qu'ils valident le démantèlement du groupe financier, décidé par le gouvernement début octobre afin de lui éviter la faillite alors qu'il était ébranlé par la crise financière mondiale.

Dans le cadre de ce montage, les activités bancaires belges du groupe, considéré jusque là comme un joyau national, doivent être vendues au géant français BNP Paribas. Et l'Etat néerlandais a nationalisé l'essentiel des activités aux Pays-Bas.

Mais les petits actionnaires de Fortis ont multiplié les recours judiciaires et, vendredi dernier, ils ont fini par remporter une victoire inattendue: la Cour d'appel de Bruxelles, malgré les pressions que le gouvernement est accusé d'avoir exercées, a exigé qu'ils soient consultés sur le démantèlement.

Un revers cinglant pour Yves Leterme qui a gelé le transfert des actifs belges à BNP Paribas.

Le ministre de la Justice a justifié son départ vendredi en estimant qu'il ne pouvait dans le contexte actuel avoir «l'autorité et la crédibilité» suffisantes.

«Le soupçon d'une implication dans des pratiques inacceptables (si elles existent), l'empêcherait» d'accomplir sa mission, souligne son courrier adressé à M. Leterme.