Les manifestations des lycéens et étudiants en Grèce, déclenchés après la mort d'un adolescent par un policier, prennent une tournure de mouvement social dans lequel syndicalistes et mouvements des droits de l'homme rejoignent les étudiants.

Si les étudiants et les lycéens occupent l'avant scène avec leurs protestations quotidiennes depuis le 6 décembre, date de la mort d'Alexis Grigoropoulos, 15 ans, les syndicats se mobilisent de leur côté, faisant apparaître au grand jour «une crise» que traverse la société grecque.

«L'incident tragique de l'assassinat de l'adolescent a fait remonter à la surface les problèmes de la société grecque, la cherté de la vie, le chômage des jeunes (qui a atteint plus de 23% en 2008), et une insécurité générale qui s'aggrave avec la crise financière mondiale», a dit à l'AFP Ilias Iliopoulos, secrétaire de la Fédération des fonctionnaires, Adedy.

Après une grève générale de 24 heures, annoncée de longue date pour protester contre la politique «d'austérité» du gouvernement et bien suivie mercredi dernier, l'Adedy (200.000 adhérents) prévoit de nouveau pour jeudi un arrêt de travail de trois heures à l'occasion du vote la semaine prochaine au Parlement du projet du budget de l'Etat.

«Dans cette conjoncture politique et sociale, qui suit la mort consternante du jeune Alexis, la mobilisation de la jeunesse et de la société mettent en lumière d'une manière générale le problème des droits collectifs: politiques, économiques et sociaux», résume l'Adedy dans un communiqué relatif à cet arrêt de travail.

Dénonçant «les privatisations» du gouvernement de droite et «l'imposition injuste» des citoyens, l'Adedy appelle à un rassemblement jeudi dans le centre d'Athènes.

Mais outre les problèmes liés à la dégradation économique, le parti de la Nouvelle-Démocratie du Premier ministre Costas Caramanlis a récemment subi de sérieux revers politiques, juste un an après sa reconduction au pouvoir.

Une série de scandales, dont l'affaire d'échanges immobiliers suspects entre un monastère du Mont Athos (nord) et l'Etat grec a entraîné jusqu'ici la démission des deux ministres, considérés comme des piliers du gouvernement.

Pour Yannis Panagopoulos, président de la Confédération générale des travailleurs (GSEE), les protestations de jeunes de «la génération 600 euros» (allusion au salaire minimum en Grèce) «montrent une accumulation des problèmes de la société au cours de ces dernières années et la dégradation des structures sociales, qui ont pu s'exprimer via la mobilisation des jeunes, après la la mort de l'adolescent».

Parmi les structures montrées du doigt, figure en bonne place la police, dont «l'arbitraire» est souvent dénoncé par les organisations des droits de l'homme, et qui se trouve à l'origine de nombreuses bavures policières récentes.

«Cet incident a montré les carences professionnelles et la mauvaise formation des policiers en Grèce, qu'il faut à tout prix désarmer», affirme à l'AFP, Dimitris Levantis, responsable de la section grecque de Sos-Racisme.

Plus de 200 personnes, dont la moitié sont des sans papiers, ont été arrêtées dans les trois jours qui ont suivi la mort de l'adolescent, au cours de violents affrontements entre jeunes et policiers.

«Je crains que les immigrés soient placés en ligne de mire, alors qu'ils font déjà face à une marginalisation, à des problèmes de papiers et un avenir difficile dans un pays où le chômage touche principalement les jeunes», souligne M. Levantis.

Une manifestation des immigrés est prévue pour jeudi après-midi à Athènes, jour international d'immgration, après celle des syndicats et celle annoncée par les élèves et étudiants pour la mi-journée.

Vendredi, un autre rassemblement doit avoir lieu devant le parlement à l'appel de la GSEE, pour réclamer un changement de cap de la politique gouvernementale.