Des bâtons de dynamite sans dispositif de mise à feu ont été découverts mardi matin dans le grand magasin Printemps à Paris, un acte revendiqué au nom d'un «Front Révolutionnaire Afghan» inconnu qui menace la France si elle ne retire pas ses troupes d'Afghanistan «avant fin février 2009».

Cette découverte, au coeur du quartier des grands magasins du centre de Paris, très fréquenté à moins de dix jours de Noël, intervient dans un contexte où la France est directement menacée en raison de sa présence militaire en Afghanistan.

Le président français Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa volonté de «fermeté» face au terrorisme, appelant à la «vigilance» de chacun face au risque d'attentat.

Le Premier ministre François Fillon a pour sa part estimé que la menace terroriste sur la France «est forte», assurant cependant que le pays «n'y cédera pas».

La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a, elle, annoncé un «renforcement» des effectifs de sécurisation à Paris et dans les grandes villes de province.

En fin de matinée, elle s'était rendue sur les lieux où un périmètre de sécurité avait été mis en place autour du magasin, très rapidement évacué, qui attire 100.000 clients par jour, dont un quart de touristes.

«Cinq bâtons de dynamite, relativement anciens, ont été découverts dans une chasse d'eau du 3ème étage. Le dispositif n'était pas opérationnel», a-t-elle expliqué.

L'emplacement des explosifs avait été précisément indiqué dans une lettre reçue par l'AFP mardi, signée du «Front Révolutionnaire Afghan (FRA)», un nom inconnu en France, selon le ministère des Affaires étrangères.

Dans cette lettre, rédigée dans un français parfois approximatif, le FRA exige le retrait des troupes françaises d'Afghanistan menaçant d'éventuels attentats.

«Faites parvenir ce message à votre président de la République : qu'il retire ses troupes de notre pays (l'Afghanistan) avant fin février 2009 sinon nous repasserons à l'action dans vos grands magasins de capitaliste (au singulier dans le texte) et cette fois-ci sans vous en avertir», indique le texte.

Cette lettre précisait que l'une des bombes devant exploser d'ici mercredi était située au «3ème étage dans les toilettes».

«Si vous ne faites pas intervenir quelqu'un avant mercredi 17 décembre», précise le texte, «elles exploseront».

Mme Alliot-Marie a toutefois estimé qu'il fallait «se méfier des indications qui étaient dans la lettre qui pourraient orienter les enquêteurs vers de fausses pistes».

Mercredi dernier, un correspondant anonyme avait appelé l'AFP affirmant qu'une bombe allait exploser au Printemps, sans autre détail.

Les trois magasins de l'enseigne à Paris ont été évacués mardi par la police par précaution. Le Printemps-Haussmann a rouvert ses portes en début d'après-midi.

La section antiterroriste de la brigade criminelle parisienne a été saisie des enquêtes et s'est rendue au siège de l'AFP afin de prendre possession de la lettre de revendication.

Dans une vidéo, datant apparemment du mois d'août mais diffusée en novembre, un chef militaire des talibans avait menacé d'entreprendre des actions contre Paris si les Français ne se retiraient pas d'Afghanistan.

La vidéo contenait une revendication de l'embuscade du 18 août au cours de laquelle 10 soldats français avaient été tués en Afghanistan.

Un ancien juge anti-terroriste français, qui a requis l'anonymat, a estimé que la revendication parvenue mardi à l'AFP ne ressemblait pas à celles des groupes islamistes, dans la mesure où il «n'y aucune référence à un texte religieux».

L'évocation dans le texte de «vos grands magasins de capitaliste» est également du «jamais vu», selon le magistrat.

La France a renforcé cet été sa présence en Afghanistan où quelque 2600 soldats français sont déployés.