Sept skinheads russes ont été condamnés lundi à des peines allant de six à 20 ans de prison pour une série de meurtres racistes dont ils avaient enregistré et diffusé des images sur internet, alors que les attaques ce genre sont de plus en plus nombreuses en Russie.

Le tribunal municipal de Moscou a reconnu les jeunes coupables de 19 meurtres et 12 tentatives de meurtre. Ils étaient aussi accusés d'avoir «volé les biens» de leurs victimes et «attisé la haine raciale».

Selon les enquêteurs, les jeunes communiquaient à travers des sites nationalistes pour organiser des «actions contre les gens à l'apparence non-slave» dans la région de Moscou. Il utilisaient des couteaux, des battes de baseball et des armatures métalliques pour les attaquer.

Ils ont «tué des citoyens de Russie, du Tadjikistan, d'Azerbaïdjan et de Chine», a rappelé le procureur, Marina Semenenko, devant la presse.

Les deux organisateurs de la bande, Artour Ryno et Pavel Skatchevski, se sont vu infliger une peine de dix ans parce qu'ils étaient mineurs au moment des faits, commis entre août 2006 et octobre 2007.

Roman Kouzine, né en 1988, a reçu la peine la plus élevée, soit 20 ans de prison en colonie pénitentiaire à régime sévère.

Quatre autres membres du groupe ont été condamnés à des peines allant de six à 12 ans de prison.

Deux jeunes, dont une fille qui filmait les crimes et les diffusait sur l'internet, avaient été innocentés par les jurés.

Les accusés ont écouté leur verdict debout dans leur cage. Artour Ryno a regardé droit devant lui et souri tandis que Pavel Skatchevski, une casquette vissée sur le front, baissait la tête. Certains des accusés portaient des masques anti-grippe.

Dmitri Agranovski, avocat de Pavel Skatchevski, a laissé entendre qu'il ferait appel du verdict.

Selon lui, les crimes commis par les accusés «reflètent un phénomène social qui a un caractère massif et témoignent du caractère malsain des relations inter-éthniques».

Soulignant que son client était «un élève brillant», l'avocat a appelé à «éduquer les jeunes au lieu de les punir». «Ils représentent une certaine couche sociale comme l'a montré ce procès», a-t-il conclu.

Prenant la parole une dernière fois avant le verdict, Pavel Skatchevski a accusé la semaine dernière les autorités de fermer les yeux sur le problème des migrants illégaux.

«Nous avons dû nous y mettre avec les moyens les plus accessibles et les plus radicaux», a-t-il lancé, se présentant comme «un soldat russe» nettoyant «la ville de ses occupants».

Skatchevski et Ryno ont été arrêtés après le meurtre en avril 2007 de l'entrepreneur russe d'origine arménienne Karen Abramian, tué de 55 coups de couteaux à 46 ans et retrouvé ensanglanté par l'un de ses trois enfants dans la cour de son immeuble.

Lors des interrogatoires, Artour Ryno a avoué les autres tueries, se disant fier de ses actes. Il a alors expliqué «détester depuis l'école les Caucasiens et les Asiatiques qui oppriment les Russes».

Assia Abramian, la mère de Karen Abramian, a jugé le verdict trop clément et s'est insurgée contre le fait que la fille qui avait filmé les crimes ait été innocentée.

«Ils ont envoyé des mineurs pour qu'ils tuent parce qu'ils ne peuvent pas être condamnés à de lourdes peines», a-t-elle affirmé. «Je veux que la mère de celui qui a fait ça souffre comme moi», a-t-elle lancé.

Les attaques racistes ont presque quintuplé ces cinq dernières années en Russie, faisant près de 300 morts et plus de 1.300 blessés au total depuis 2004, selon les chiffres de l'ONG Bureau pour les droits de l'Homme.

Surfant depuis peu sur les peurs liées à la crise financière, la presse populaire agite la menace de «l'étranger» tandis que des jeunes du parti Russie Unie, présidé par le Premier ministre Vladimir Poutine, ont lancé une campagne contre l'immigration illégale.

or-neo/vl/juv tf