Le premier ministre conservateur grec Costas Caramanlis attaqué de toutes parts après la mort d'un adolescent et une semaine de violences urbaines qui ont plongé la Grèce dans une crise profonde affirme haut et fort qu'il ne quittera pas le pouvoir.

Alors que les critiques acerbes sur «la mauvaise gestion de la crise et le vide du pouvoir» fusent dans les médias, M. Caramanlis, âgé de 52 ans, a réaffirmé, vendredi à Bruxelles, qu'il ne pensait pas prendre «une retraite anticipée», comme il l'avait déjà dit en septembre. «La Grèce dispose actuellement d'un gouvernement fort», a-t-il souligné lors d'une conférence de presse en marge d'une réunion des chefs d'État et de gouvernement européens.

La crise financière internationale «nécessite un gouvernement cohérent et responsable, et des mains fortes pour le guider, et ceci est pour moi la priorité, pas un quelconque scénario sur des élections anticipées ou un débat de succession», a-t-il dit.

«La Grèce est un pays sûr» qui a «les moyens, avec ses institutions démocratiques, de maintenir la sécurité de sa population», a insisté M. Caramanlis. «Je crois que les démocraties ont la capacité de surpasser les moments difficiles par le consensus, le sang-froid, la responsabilité et la détermination», a déclaré le chef du gouvernement.

Mais la volonté de M. Caramanlis de garder les rênes du pouvoir ne sera pas chose facile, estiment les analystes et politologues.

Empêtré depuis des mois dans une sombre affaire d'échanges immobiliers entre l'État grec et le très riche monastère de Vatopédi du Mont Athos, un petit territoire semi-autonome de l'église orthodoxe, M. Caramanlis a vu la cote de son parti, la Nouvelle Démocratie, passer derrière celle de son grand rival socialiste, le PASOK de Georges Papandréou.

Les violences de ces derniers jours vont pour la première fois faire également chuter la côte personnelle de M. Caramanlis dans l'opinion, selon plusieurs analystes politiques.

«Je m'attends à ce que les prochains sondages fassent état d'une prédominance de l'image de M. Papandréou sur celle de M. Caramanlis et cela pour la première fois», a indiqué à l'AFP le politologue grec Elias Nikolakopoulos, responsable de l'institut de sondage Opinion.

L'image de M. Caramanlis était jusqu'à présent «la principale arme de la Nouvelle Démocratie, nous avons maintenant un retournement de la situation», a estimé M. Nikolakopoulos.

Le premier ministre «devait à tout prix affirmer sa détermination à garder la main sur le pouvoir et sur son parti pour éviter la division et la panique dans ses rangs», a-t-il ajouté.

La Nouvelle Démocratie ne dispose en effet que d'une seule voix de majorité, et une défection entraînerait obligatoirement des élections anticipées.

L'analyste politique et directeur de l'Institut de sondage V-PRC, Yannis Mavris, a jugé, dans un entretien à l'AFP, que «les déclarations de M. Caramanlis ne peuvent pas changer grand chose».

«Il ne comprend pas la situation, il n'a pas compris le message, il refuse la réalité», a-t-il estimé. Les prochains sondages devraient faire apparaître, selon lui, «l'effondrement de son image».

M. Mavris note par ailleurs que la tension devrait se réduire pendant les fêtes, mais qu'elle pourrait reprendre de plus belle ensuite. «La crise est là, et ne va pas disparaître comme par enchantement», a-t-il souligné.