Le discours prononcé vendredi au Kremlin par le président Dmitri Medvedev pour le 15e anniversaire de la Constitution russe a été interrompu par un opposant qui a crié «honte aux amendements», avant d'être évacué de la salle et de s'expliquer plus tard à la radio Echo de Moscou.

Au moment où le président vantait l'importance «fondamentale» de la Constitution, le jeune homme a crié «Honte aux amendements» sans toutefois perturber l'allocution du président, a constaté un journaliste de l'AFP.Le cri de protestation faisait allusion à une réforme constitutionnelle qui prévoit notamment l'allongement de la durée du mandat présidentiel à six ans, contre quatre jusqu'alors.

Quelques minutes plus tard, le jeune homme s'est à nouveau mis à protester bruyamment, interrompant le discours du président qui a même pris sa défense au moment où des agents de sécurité se précipitaient vers lui.

«Il ne faut pas le faire sortir. La Constitution a été approuvée pour que chacun ait le droit d'exprimer sa position. C'est aussi une opinion, il faut la respecter», a déclaré M. Medvedev.

Mais l'opposant a été évacué du grand palais du Kremlin où le président s'exprimait devant un parterre de juristes et de nombreux autres invités.

Il a ensuite été conduit dans un commissariat de quartier à Moscou, selon la radio Echo de Moscou, à l'antenne de laquelle il a pu s'expliquer avant d'être interrogé par la police.

«Pendant le discours du président au Kremlin, où j'étais présent en qualité d'invité, Dmitri Medvedev a commencé à défendre remarquablement la Constitution et vanter les mérites de ce document. A ce moment-là, j'ai perdu patience, je me suis levé et j'ai dit: "vous avez entendu, il a prolongé son mandat et maintenant il vient nous parler de la Constitution"», a déclaré Roman Dobrokhotov, leader du mouvement d'opposition libéral My (Nous).

«J'ai dit que dans le pays on violait tous les droits et libertés constitutionnels, qu'il y avait de la censure et qu'il n'y avait pas d'élections» libres, a-t-il ajouté.

L'homme a été relâché par la police après un interrogatoire, sans que des poursuites ne soient engagées, a-t-il précisé à la radio Echo de Moscou.

Le président Dmitri Medvedev avait proposé le 5 novembre une réforme constitutionnelle votée précipitamment par les deux chambres du Parlement russe, relançant les conjectures sur les desseins du pouvoir, notamment de Vladimir Poutine, prédécesseur au Kremlin de M. Medvedev, devenu depuis son premier ministre.

Par ailleurs, plusieurs manifestations officielles étaient organisées vendredi à Moscou pour célébrer le 15e anniversaire de la Constitution russe, notamment l'élection d'une «Miss Constitution 2008».