Le président français Nicolas Sarkozy et le premier ministre britannique Gordon Brown, réunis à Londres pour un mini-sommet sur la relance économique, ont démenti tout désaccord avec l'Allemagne, furieuse de ne pas avoir été invitée à quelques jours du sommet de Bruxelles.

MM. Brown et Sarkozy, que la crise économique a semblé rapprocher ces derniers mois au détriment du traditionnel axe franco-allemand, ont multiplié les déclarations pour nier tout différend avec la chancelière allemande Angela Merkel, qui n'a pas été invitée à cette réunion.

«J'ai reçu Mme Merkel il y a huit jours, on a beaucoup parlé», a assuré M. Sarkozy lors d'une conférence de presse conjointe avec M. Brown et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, à l'issue d'une réunion consacrée à la crise économique et aux divers plans de relance européens.

«Je l'ai eue au téléphone hier (ndlr: dimanche), Gordon Brown également, ainsi que M. Barroso. Nous faisons la même analyse de la situation avec Mme Merkel. Il n'y a pas de désaccords avec elle», a-t-il insisté.

Selon lui, «les points de vue se sont immensément rapprochés depuis quelques semaines».

«Je ne partage pas l'analyse qui voudrait dire qu'à la veille de notre Conseil européen (les 11 et 12 décembre), il y a un désaccord sur la gravité de la crise et sur la nécessité d'une relance», a également déclaré M. Sarkozy.

M. Barroso a pour sa part jugé «impensable» qu'une solution européenne de relance de l'économie puisse être trouvée sans l'Allemagne, première puissance économique de l'Union européenne.

Mais Berlin n'a pas caché sa contrariété de ne pas avoir été convié à cette rencontre, à quelques jours d'un sommet européen crucial à Bruxelles.

«Je ne trouve pas bien que les trois se rencontrent seuls et que la chancelière ne soit pas là», a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. «Il y aura bien sûr quelques escarmouches avant le prochain sommet européen», a-t-il ajouté sur la chaîne de télévision en continu n-tv.

Berlin a adopté un plan de relance d'un montant total de 31 milliards d'euros sur deux ans, mais Paris et Londres (dont les plans de relance se montent respectivement à 26 milliards et 23,5 milliards d'euros) voudraient que l'Allemagne aille plus loin. Cette dernière s'y refuse, arguant qu'elle n'est pas prête à payer pour les autres au motif qu'elle dispose de marges budgétaires plus grandes.

«On fait comme si cette rencontre ce soir à Londres était le seul endroit où l'on va préparer le sommet», a critiqué le ministre allemand. «Il y a des efforts de toutes parts pour que ce sommet soit un succès. Je ne trouve pas vraiment approprié que le président de la Commission accorde une importance particulière à cette rencontre ce soir à Londres».

M. Brown a d'ailleurs prévenu que la tentation du protectionnisme pouvait mettre en danger un accord international à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), à portée de main «dans les prochains jours» selon lui.

«Le protectionnisme est quelque chose que nous devons à la fois éviter et combattre dans les prochains mois. Nous pensons que tout recours au protectionnisme retarderait tout rétablissement (économique) et que cela équivaudrait à reproduire les erreurs du passé», a déclaré M. Brown.

M. Sarkozy a par ailleurs prévenu que la crise économique mondiale «ne doit pas être un alibi pour sacrifier» la lutte contre le réchauffement climatique.

«Ce n'est certainement pas au moment où un nouveau président des États-Unis (ndlr: le président élu Barack Obama) fixe aux États-Unis, la première puissance du monde, des objectifs en matière d'environnement que l'Europe doit renoncer à ses ambitions», a affirmé M. Sarkozy.

«Je crois pouvoir dire que Gordon Brown et moi, une fois de plus, on est parfaitement d'accord là-dessus. Nous allons défendre le paquet énergie climat de la Commission. Je ne vous cache pas que c'est difficile», a-t-il ajouté.

Selon lui, «il y a des désaccords» au sein de l'Union européenne, «mais on progresse».