Les policiers français s'attendent à une enquête «longue et difficile» pour remonter vers les quatre auteurs du hold up record, commis à la joaillerie de luxe américaine Harry Winston, jeudi à Paris.

Un quart d'heure dans les lieux, des malfaiteurs qui connaissaient les noms de certains employés, leur adresse personnelle et l'emplacement exact des coffres-forts: l'opération qui a permis de ravir pour 85 millions d'euros de bijoux était millimétrée, «un travail de professionnel», juge une source proche du dossier. Le degré de renseignement des malfaiteurs laisse penser qu'ils avaient effectué des repérages de cette joaillerie de l'avenue Montaigne, en plein Triangle d'or de Paris.

Les enquêteurs de la Brigade de répression du banditisme ont donc commencé à disséquer les bandes vidéo de la boutique et de la voie publique alentour dans les jours qui ont précédé le braquage, dans l'espoir de remonter vers les quatre hommes.

Mais leur identification «ne sera pas simple» car ils étaient grimés, estime cette source.

Jeudi vers 17H20, les quatre malfaiteurs, dont trois déguisés en femme avec des foulards et des perruques, pénètrent dans la joaillerie, munis de valises, comme s'il s'agissait de «touristes», selon la même source.

Ils se font ouvrir une première porte, pénètrent dans le sas balayé par une caméra de surveillance, puis entrent dans la joaillerie.

Tous sortent leur arme de poing, l'un dispose d'une grenade.

Les quatre hommes tiennent en respect les 16 personnes qui se trouvaient alors chez Harry Winston, dont une cliente et un livreur. L'un des otages est frappé.

Ils se font ouvrir les coffres, dont l'un contient une cache, et font main basse sur les bijoux exposés dans les vitrines. Ils repartent ensuite sans que personne ne les remarque, dans ce quartier très fréquenté à cette heure-là.

Aucun témoin n'a pu dire dans quelle direction ils étaient partis ni avec quel moyen de locomotion, selon cette source.

Des prélèvements réalisés par la police technique et scientifique étaient samedi en cours d'exploitation.

Les malfaiteurs connaissant «très bien les lieux», les enquêteurs s'interrogent sur d'éventuelles complicités internes et sur un lien possible avec l'attaque de la même joaillerie le 6 octobre 2007.

Ce jour-là, Harry Winston avait été la cible d'un audacieux vol de bijoux estimé à près de 20 millions d'euros par les assureurs.

S'agit-il de la même équipe? Sont-ils en lien? Les enquêteurs n'écartent aucune piste, du grand banditisme français à des ressortissants de pays de l'Est du type des «Pink Panthers», selon cette source proche du dossier.

Mais à la différence de cette organisation criminelle internationale spécialisée dans les attaques de bijouteries, les braqueurs de la joaillerie Harry Winston s'exprimaient en français, teinté d'accent slave, et leur mode opératoire était moins violent que celui des «Pink Panthers».