La municipalité d'Amsterdam a annoncé samedi un projet pour réduire de moitié le nombre de coffee-shops, ces bars où l'on peut fumer du cannabis, et de vitrines de prostituées dans son centre historique afin d'enrayer une montée de la criminalité.

«Notre ambition est de transformer (le centre ville) en une zone plus sûre, plus belle et plus vivable», a précisé le conseil municipal.

Les Pays-Bas, traditionnellement tolérants envers la prostitution et la consommation de drogues douces, ont récemment durci le ton en interdisant la vente de champignons hallucinogènes. Certaines villes ont également décrété la fermeture pure et simple des coffee-shops.

La municipalité d'Amsterdam projette de ne conserver que 240 des 482 mini-boutiques où se montrent derrière une vitrine les prostituées du quartier rouge. «Il y aura encore de l'espace pour l'industrie du sexe et les coffee shops, mais dans des endroits vraiment gérables», indique-t-elle.

Selon la ville, «la levée de l'interdiction des lupanars en 2000 a permis au gouvernement de mieux contrôler le secteur», mais «les dernières années ont montré que des mesures supplémentaires doivent être prises pour contrecarrer et prévenir les abus».

 

«Nous pensons encore qu'il vaut mieux réguler (qu'interdire) mais c'est devenu un phénomène trop massif. Il faut corriger» la tendance, a expliqué à l'AFP Lodewijk Asscher, adjoint au maire.

Le projet municipal prévoit aussi la fermeture de la moitié des 76 coffee shops -- bars disposant de licences spéciales pour vendre du cannabis -- dans le centre, soit une baisse de 17% à l'échelle de toute la ville.

Les Pays-Bas ont dépénalisé la consommation et la possession d'un maximum de cinq grammes de cannabis en 1976. Sa production reste toutefois illégale.

«Nous voulons aussi réduire le nombre de +smart shops+ (vendant des herbes hallucinogènes et d'autres drogues douces), les salons de massage, les sex shops, les cinémas X, salles de jeux X, peep shows, magasins de souvenirs, centres téléphoniques et supérettes. Il y en a trop», indique le document municipal.

Cette prolifération a provoqué une hausse de la criminalité, selon la ville qui se dit préoccupée par des problèmes de drogue et de trafic de femmes, ajoutant que certains établissements «serviraient de couverture au blanchiment d'argent sale».

Le projet municipal reconnaît l'attrait du quartier rouge pour les touristes mais «il faut s'assurer que le caractère unique du district soit conservé. La tolérance et la liberté ne signifient pas l'indifférence» à la criminalité.

Des déséquilibres sont apparus, selon la ville, en raison d'une représentation excessive «des activités de faible niveau économique et pouvant être liées à la délinquance». M. Asscher a souligné que la rénovation du quartier nécessiterait «des centaines de millions d'euros».

Il faudra notamment 50 millions d'euros, selon lui, pour reconvertir les vitrines de prostituées en bureaux, logements, cafés et galeries. «Le secteur privé est très intéressé (pour collaborer à ces projets, ndlr) mais il faudra voir l'impact de la crise sur de tels projets», a précisé M. Asscher. Le grand public sera en outre amené à se prononcer avant toute décision de la ville.

Photo: AP