Au moins 288 femmes ont péri en Turquie depuis 2001 victimes de crimes d'honneur, selon une étude universitaire dont l'agence de presse Anatolie a publié jeudi les résultats.

Compilant les données de différents procès, l'étude, menée par l'université Inönü de Malatya (est), a établi que 344 meurtres avaient été commis depuis 2001 dans le pays avec pour mobile de laver l'honneur d'une famille, a affirmé le directeur de la recherche, Osman Celbis, à Anatolie.

L'enquête classe ces meurtres en deux groupes, a indiqué M. Celbis.

Il y a d'abord les «meurtres d'honneur» simples, qui ne sont pas les fruits d'une procédure élaborée et dont les victimes peuvent aussi être des hommes, et les «meurtres traditionnels», ordonnés lors d'un conseil de famille et visant spécifiquement des femmes du groupe considérées comme immorales.

Un nombre égal de meurtres de chaque type (172) a été commis durant la période décrite, selon les verdicts des tribunaux, avec au total 288 femmes tuées, a poursuivi l'universitaire.

M. Celbis a estimé que l'augmentation récente des peines frappant les crimes d'honneur avait amené les familles à adopter de nouvelles stratégies, comme pousser au suicide la femme considérée comme immorale, et a appelé les autorités judiciaires à redoubler d'attention dans les cas de suicides de femmes.

Les «meurtres traditionnels» décrits par l'étude sont plus répandus dans l'est de la Turquie, à la population en majorité kurde.

La pratique a parfois pris une telle ampleur que des femmes ont été tuées pour avoir discuté avec des étrangers, demandé la diffusion d'une chanson à la radio ou même pour avoir été les victimes d'un viol.

Les hommes sont le plus souvent tués pour avoir commis un viol, un enlèvement ou forcé une femme à se prostituer.

Le gouvernement et les associations ont accru leurs efforts au cours des dernières années pour éradiquer les crimes d'honneur, mais les sondages montrent qu'ils jouissent encore d'une large tolérance dans l'est du pays : 37% des personnes interrogées en 2006 à Diyarbakir (sud-est) pensaient qu'une femme adultère devait être tuée.