Les sénateurs tchèques ont approuvé jeudi le déploiement d'un radar antimissile américain sur le sol tchèque, projet qui suscite la colère de Moscou et l'hostilité de l'opinion publique tchèque.

Les accords diplomatique et militaire préparés par Prague et Washington ont été approuvés par 49 sénateurs sur 81, l'opposition social-démocrate et communiste ayant voté contre.

La chambre basse du parlement tchèque doit encore voter sur le radar détecteur que les Américains veulent coupler à dix intercepteurs en Pologne afin de compléter d'ici 2014 le système balistique déjà en place aux Etats-Unis, au Groenland et en Grande-Bretagne.

Le président tchèque Vaclav Klaus a déjà indiqué qu'il parapherait les accords «sans hésiter», mais la coalition de centre-droit menée par le Premier ministre libéral Mirek Topolanek n'est pas sûre de réunir les voix nécessaires dans une chambre basse extrêmement divisée.

Pour mieux convaincre les députés, le Premier ministre Topolanek a proposé que le vote final intervienne après l'investiture du président élu Barack Obama, en janvier prochain.

Le conseiller de M. Obama pour la politique étrangère Dennis McDonough avait indiqué en octobre que le président élu n'avait pris aucune position définitive sur ce programme.

«Sa position est la même que pendant toute sa campagne: il soutient le déploiement d'un système de défense antimissile quand il sera prouvé que la technologie est utilisable», a-t-il dit.

Devant les sénateurs, M. Topolanek a cependant assuré que la nouvelle équipe américaine ne changerait pas d'avis sur le bouclier antimissile conçu par l'administration Bush, officiellement pour contrer d'éventuelles attaques de pays «voyous» comme l'Iran.

Le projet a suscité la colère de Moscou qui y voit une atteinte à sa sécurité et a menacé de placer des missiles Iskander dans l'enclave russe de Kaliningrad si les Américains persistent.

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a assuré dimanche que Moscou renoncerait aux «mesures de rétorsion» si la nouvelle administration américaine s'abstenait de déployer ses bases en Pologne et en République tchèque.

«Ce projet vise le potentiel stratégique de la Russie. Et nous ne pouvons pas ne pas répondre d'une manière adéquate», a-t-il averti depuis Saint-Pétersbourg.

Jeudi, M. Topolanek a répété devant le Sénat que le système s'inscrirait dans la défense de l'OTAN et n'était pas dirigé contre Moscou.

«Pour moi, en tant que Premier ministre, il serait inacceptable de diriger un gouvernement qui obéisse et ouvre la porte au néo-impérialisme russe», a-t-il dit.

«Je ne veux pas que notre (terrain de) Brdy accueille des missiles nucléaires russes, mais des soldats venant de pays qui nous débarrassent de l'esclavage», a-t-il ajouté, en rappelant l'occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques.

Le radar, d'une portée d'environ 800 kilomètres, doit être déployé sur un ancien terrain militaire soviétique situé à environ 70 kilomètres au sud-ouest de Prague. La semaine dernière, trente maires de communes situées alentour ont appelé Barack Obama à stopper ce «projet dangereux», en rappelant que deux tiers des Tchèques y sont hostiles.