La nouvelle patronne du Parti socialiste français, Martine Aubry ou Ségolène Royal, devait être désignée mardi par les instances dirigeantes du parti, qui espèrent mettre un terme à une foire d'empoigne sans précédent au sein de la principale formation d'opposition.

Mais quelle qu'en soit l'issue, le duel sans merci engagé entre l'ex-candidate à la présidentielle Ségolène Royal et la maire de Lille (nord) Martine Aubry aura laissé une image dévastatrice du parti, et des militants partagés entre révolte et désespoir.

Martine Aubry a l'avantage: elle a été créditée de 42 voix d'avance à l'issue d'un scrutin épique vendredi, auquel participaient quelque 130.000 militants socialistes. Mais ces chiffres ont été immédiatement contestés par le camp de Ségolène Royal, qui a dénoncé des fraudes, menacé d'aller en justice, et réclame l'organisation d'une nouvelle élection.

Une commission de vérification des votes au sein du PS a été saisie et c'est sur la base de son rapport que le Conseil national (Parlement) du parti devait se prononcer mardi soir.

C'est en principe à 18H00 (17H00 GMT) dans la salle parisienne de la Mutualité que se jouera l'acte ultime du long processus de désignation du successeur de François Hollande, le Premier secrétaire sortant.

Les 300 membres du Conseil national --où Royal est minoritaire-- doivent fonder leur décision sur le rapport de la commission de vérification des votes, présidée par l'ancien ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant.

Mais la zizanie qui déchire le PS depuis des mois s'est étendue jusqu'au sein de cette commission théoriquement impartiale, et le ton continue de monter entre les deux camps.

Les représentants de Ségolène Royal --trois sur les 13 membres de la commission-- ont demandé officiellement mardi l'annulation du scrutin du 21 novembre pour désigner le premier secrétaire du PS.

«Le déroulement des opérations électorales a fait naître une profonde indignation, compte tenu du nombre des irrégularités constatées et du faible écart de voix entre les deux candidates, Ségolène Royal et Martine Aubry», écrivent-ils dans ce document de «protestation électorale».

Le principal lieutenant de Mme Royal, Vincent Peillon, a affirmé mardi matin sans plus de détails que seules «quatre voix d'écart» séparaient désormais les deux rivales après les premières vérifications opérées.

Lundi soir, les «royalistes», qui assurent que «des milliers de voix sont contestées», avaient lancé un ultimatum à la commission de vérification en l'enjoignant d'examiner toutes leurs requêtes, menaçant en cas contraire de saisir la justice et d'appeler à des manifestations.

Les partisans de Martine Aubry ont répliqué avec virulence. Le bras droit de Martine Aubry, François Lamy, a dénoncé des «déclarations indignes» et «un putsch médiatique».

«Appeler à une manifestation et poser des ultimatums contre les instances de son parti, ce n'est pas digne», a-t-il lancé.

Le camp aubryste, qui voit dans la multiplication des menaces et des déclarations de ses adversaires un «baroud d'honneur» et une «politique de la terre brûlée», semble confiant dans l'issue de l'épreuve de force.

Un sondage publié lundi semble en outre lui donner raison, une forte majorité de sympathisants socialistes (66%) estimant que Mme Royal a tort de ne pas reconnaître sa défaite.

Selon un haut responsable du PS, «il y aura une première secrétaire mardi soir, un nouveau vote est exclu».