Ségolène Royal et Martine Aubry s'affronteront vendredi au second tour du vote de leurs militants pour désigner le Premier secrétaire du Parti socialiste français (PS, opposition), selon des résultats définitifs en métropole communiqués par une source proche de la direction du PS.  

Le troisième candidat, Benoît Hamon, éliminé à l'issue du premier tour, ainsi que le maire de Paris Bertrand Delanoë, ont aussitôt appelé à voter pour Martine Aubry.

Le deuxième tour aura lieu vendredi de 17H00 à 22H00. A son issue, sera connue celle qui succédera à François Hollande, premier secrétaire pendant 11 ans. Ce sera en tout état de cause la première femme à la tête du PS.

Ségolène Royal, 55 ans, ex-candidate à la présidentielle a recueilli 42,45% des voix, devant l'ex-ministre du travail, Martine Aubry, 58 ans, 34,73% des suffrages, tandis que l'euro-député, Benoît Hamon, 41 ans, en recueillait 22,83%.

Moins de 60% des quelque 230.000 adhérents socialistes appelés aux urnes, ont finalement voté, à l'issue de plusieurs mois de lutte d'influence et d'un congrès fratricide à Reims (nord-est).

Le duel final entre les deux femmes s'annonçe serré, selon leurs équipes.

Bras droit de Mme Royal qui veut en faire son premier secrétaire délégué en cas de victoire, Vincent Peillon, a interprété ces résultats encore provisoires comme le signe que «les militants ont choisi le changement».

«Nous avons une chance inespérée d'opérer la transformation du PS», a affirmé M. Peillon.

Pour une porte-parole de la maire de Lille, la députée de Paris Sandrine Mazetier, «Ségolène Royal est en ballottage, il y aura un deuxième tour ouvert».

Mme Aubry, initiatrice de la semaine de travail de 35 heures et qui défend un PS en phase avec le mouvement ouvrier et syndical, pourrait lors du second tour bénéficier des suffrages des électeurs de Benoît Hamon, incarnant l'aile gauche du parti.

La fille de l'ex-président de la Commission européenne Jacques Delors jouit aussi du soutien du maire de Paris Bertrand Delanoë, même si certains partisans de ce dernier ont annoncé leur intention de voter pour Ségolène Royal.

Pour le quotidien de gauche Libération, la désignation de Ségolène Royal serait «en terme de style, la plus fracassante des ruptures».

Mme Royal, qui prône une ouverture de son parti au centre tout en reprenant des thématiques de gauche, a été la cible de nombreuses attaques au sein de son parti depuis ces derniers mois, et au-delà, depuis le jour où elle s'est lancée dans la course à l'élection présidentielle de 2007.

Populaire auprès des militants mais marginalisée dans l'appareil du PS, cette femme élégante et souriante se démarque par des méthodes peu habituelles, n'hésitant pas à se mettre en scène dans des shows mêlant politique et incantations quasi-mystiques.

«Les gens s'habitueront, ils s'habitueront à mon identité politique, ils s'habitueront à ce que je reste moi-même pour mieux changer le Parti socialiste», a déclaré jeudi sur la radio Europe 1 l'ex-compagne de François Hollande, avec qui elle a eu quatre enfants.

Au-delà de la désignation du Premier secrétaire se joue la question de l'élection présidentielle de 2012, pour un parti qui a essuyé trois échecs d'affilée à ce scrutin.

«Une chose est sûre: du PS actuel il faut faire table rase», estimait encore le journal Libération. «Celle ou celui qui triomphera ne fera pas l'économie d'un vaste coup de balai, d'un projet nouveau pour un parti inaudible face à la crise, d'une remobilisation générale pour des militants désemparés et qui n'hésitent plus à s'en désespérer publiquement».