Le chef militaire présumé de l'ETA, Miguel de Garikoïtz Aspiazu Rubina, alias «Txeroki», 35 ans, a été arrêté dans la nuit de dimanche à lundi en France, une «opération déterminante dans la lutte» contre l'organisation indépendantiste basque, selon Madrid.

Le chef du gouvernement espagnol Jose Luis Zapatero et le président français Nicolas Sarkozy sont convenus par téléphone, d'organiser prochainement un «sommet bilatéral extraordinaire sur le terrorisme» après cette arrestation, a indiqué une source gouvernementale espagnole

L'arrestation du dirigeant le plus recherché de l'ETA a eu lieu dans le village de Cauterets, dans les Pyrénées (sud-ouest).

Miguel de Garikoitz Aspiazu Rubina, alias «Txeroki», était jusque là «probablement le principal dirigeant de l'ETA et le chef de son appareil militaire», a affirmé le ministre espagnol de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba lors d'une conférence de presse.

«C'est une opération déterminante dans la lutte contre l'ETA parce qu'est tombé celui qui, depuis un certain temps, dirigeait les actions (...) et qui était le responsable direct de certains des derniers assassinats» attribués à l'organisation basque, avait auparavant déclaré le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.

Il a été appréhendé en compagnie d'une femme, Leire Lopez, membre présumée de l'ETA en fuite depuis 2005 et recherchée par les autorités, a confirmé M. Rubalcaba.

Selon le ministre, cette dernière est soupçonnée d'avoir participé «à plusieurs attentats» de l'organisation clandestine, tenue pour responsable de la mort de de 824 personnes en 40 ans d'attentats pour l'indépendance du Pays Basque.

Quelques heures plus tard, un ex-membre emblématique du groupe basque, José Ignacio de Juana Chaos, objet d'un mandat d'arrêt européen, a été arrêté, après s'être présenté de son proche chef devant un tribunal de Belfast. Il a été remis en fin de journée en liberté conditionnelle.

Dans l'appartement où «Txeroki» a été arrêté, au 2e étage d'un petit immeuble, les enquêteurs ont trouvé une arme de poing, de faux documents administratifs et un ordinateur, selon une source proche du dossier.

«Très vraisemblablement dans le cadre des accords (franco-espagnols), il sera remis à la justice espagnole», a déclaré la ministre française de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie.

«Txeroki», réputé incarner la ligne dure de l'organisation clandestine, inscrite sur la liste des organisations terroristes de l'UE et des États-Unis, hostile au dialogue avec Madrid, aurait pris, fin 2003, la tête de ses commandos.

«Txeroki» est actuellement visé par 22 procédures judiciaires ouvertes par l'Audience nationale, le tribunal antiterroriste espagnol, a précisé M.Rubalcaba.

Il est soupçonné d'avoir torpillé un processus de dialogue engagé avec le gouvernement espagnol, en ordonnant un attentat de grande envergure à l'aéroport de Madrid (2 morts), le 30 décembre 2006.

Il est également soupçonné d'être l'auteur des meurtres de deux gardes civils espagnols à Capbreton (sud-ouest de la France) le 1er décembre 2007, a précisé Mme Alliot-Marie.

L'Espagne et la France, pays qui constitue la base de repli traditionnelle des commandos de l'ETA, collaborent depuis les années 80 dans la lutte contre l'organisation basque, après des années de récriminations espagnoles contre le «sanctuaire» français.

La dernière opération policière menée en France contre l'ETA avait eu lieu le 21 mai 2008, et avait abouti à l'arrestation de Javier Lopez Peña, alias «Thierry», présenté par Madrid comme l'homme «qui a le plus de poids politique et militaire dans l'ETA».

Deux etarras présumés, arrêtés mercredi dans le sud-ouest de la France, ont par ailleurs été inculpés et écroués dimanche.