Le président français Nicolas Sarkozy a affiché sa satisfaction, samedi à Washington, à l'issue du sommet «historique», à ses yeux, du G20, qui «apporte des réponses à la crise financière», même si la route est encore longue vers la régulation économique mondiale qu'il appelle de ses voeux.

Les dirigeants des principaux pays industrialisés et émergents (G20) se sont engagés à favoriser la relance et surveiller la finance mondiale, alors que les pays riches sont menacés par la récession et les émergents par un net ralentissement. «Je crois pouvoir dire que c'est un sommet historique, dans la mesure où pour la première fois, des pays aussi différents que ceux qui étaient rassemblés dans le G20, décident de prendre des initiatives en commun et que l'administration américaine accepte de faire mouvement sur des sujets où historiquement, toutes les administrations américaines avaient refusé de le faire», s'est-il félicité samedi, lors d'une conférence de presse.

Selon lui, le sommet du G20 «apporte des réponses structurelles à la crise financière et des réponses à la crise économique».

Il a égrené les «quatre principes» sur lesquels les membres du G20 - les pays les plus riches de la planète côtoyaient la Chine, l'Arabie saoudite, la Turquie, l'Indonésie, le Brésil, ou encore l'Afrique du sud - sont tombés d'accord: «relance coordonnée et concertée de l'action économique», «nouvelle régulation des marchés pour qu'une telle crise ne puisse plus se produire», «nouvelle gouvernance économique mondiale», «refus du protectionnisme».

Ces sujets constituaient, selon une source proche du président Sarkozy, autant de «graals après lesquels nous courrions mais sur lesquels il avait été impossible, pendant des années, d'obtenir le moindre consensus».

Pour M. Sarkozy, «c'est fantastique», «le Premier ministre indien a été coopératif, le président chinois n'a rien bloqué, la Coréen du sud a été très moteur, la Japon a été suiviste. Lula (le président brésilien) veut participer aussi».

Il a aussi souligné la «très bonne intervention» du directeur du Fonds monétaire international, le français Dominique Strauss-Kahn «qui a plaidé pour la relance».

Il y a aussi eu «des malentendus», a-t-il convenu, mais «où est le drame ? C'est pour ça qu'on se réunit». Il a ainsi reconnu que le président américain avait été «rude mais fair-play», «pas toujours facile mais loyal».

Nicolas Sarkozy avait été le premier à demander la réunion d'un sommet international sur la «plus grave» crise financière depuis les années 30. Devant l'ONU à New York, le 23 septembre dernier, il avait plaidé pour un «capitalisme régulé» réprimant les abus. Depuis, il n'avait cessé d'appeler à une «refonte» du capitalisme financier.

Réticent à cette idée, M. Bush avait souligné de son côté son attachement aux «fondements du capitalisme démocratique» et à la «liberté des marchés», tout en mettant en garde contre les effets pervers que de nouvelles réglementations pourraient avoir sur l'activité économique. Mais lors d'une rencontre à Camp david, le 18 octobre, M. Sarkozy l'avait finalement convaincu d'accepter la tenue d'un sommet dans son pays.

Si ce premier G20, qui devrait être suivi d'un autre au printemps, peut-être à Londres comme l'a suggéré samedi M. Sarkozy, a donné lieu à des propositions par nature très «techniques», où il n'a pas été question de «refonder» ou de «moraliser» le capitalisme, un mot souvent employé par le président français, il n'en demeure pas moins aux yeux de ce dernier que ses «résultats sont impressionnants».

«Il reste beaucoup de travail à faire mais c'est passionnant». L'année 2008 sera celle qui aura marqué «l'entrée dans le 21è siècle», a-t-il affirmé.