«Vieux jeu», «hautain» et «irritable», le prince Charles? Voilà les épithètes qui sont venus à l'esprit des Britanniques interrogés par La Presse hier. À en croire leurs réactions, ils ne sont pas impatients de le voir accéder au trône.

Pourtant, le prince Charles s'en approche, lui qui célèbre ses 60 ans aujourd'hui. Un banquet et un concert privé du chanteur Rod Stewart auront lieu demain en son honneur au domaine de Highgrove, sa résidence de campagne.

Un anniversaire peu banal puisqu'il est devenu cette année le plus vieux prince de Galles de l'histoire. Seul Guillaume IV a accédé au trône à un plus vieil âge, soit 64 ans.

Compte tenu des gènes de l'actuelle reine - la reine mère Élisabeth est morte à 101 ans -, le prince Charles devrait battre ce record.

Il ne semble pas toutefois en prendre ombrage.

Car le prince de Galles est un des militants les plus actifs au pays. Il préside une vingtaine d'oeuvres de charité et veille sur leur budget annuel de 122 millions de livres (220 millions de dollars canadiens). Les jeunes défavorisés, l'entreprise citoyenne et, surtout, le développement durable sont ses chevaux de bataille.

Sa bête noire est la culture d'organismes génétiquement modifiés (OGM). En août, il a accusé les grandes compagnies biotechnologiques de mener « une énorme expérience sur la nature et l'humanité qui est en train de déraper ».

Il martèle sans relâche son message d'urgence sur le réchauffement climatique auprès des gens d'affaires et de la classe politique. De l'ingérence, selon ses critiques, compte tenu du rôle politique neutre qu'est censée adopter la famille royale.

Toutefois, tant qu'il ne portera pas la couronne, le prince Charles gardera son bâton de pèlerin bien en main.

Snob ?

Un portrait candide du sexagénaire diffusé à la BBC cette semaine montrait un homme secret et irritable. Mais aussi un visionnaire, un passionné de jardinage qui se soucie autant du sort des forêts vierges que de la préservation de l'artisanat afghan.

Le documentaire le montre rigolant de bon coeur avec le dalaï-lama, «une grande force pour le bien», selon lui.

Très british, il maîtrise l'art de l'autodérision. «Vous êtes certains de vouloir une photo avec moi ? Ça pourrait nuire à votre réputation, vous savez», fait-il remarquer à un groupe d'élèves.

Ce visage humain est rarement perçu par les Britanniques, eux qui l'ont pris en grippe depuis sa relation extraconjugale avec Camilla Parker pendant son mariage avec la princesse Diana. Pas moins de 35 % de la population voudrait voir le prince William devancer son père sur le trône selon un récent sondage YouGov.

«Le prince Charles est déconnecté de ma génération», affirme Anton Elliott, 39 ans, à La Presse.

Adam Collins quant à lui déplore son snobisme. «Il a déjà critiqué l'accent de la classe populaire. C'est un idiot», déclare l'horloger de 36 ans.

À moins que le prince Charles ne fasse davantage connaître son travail philanthropique, il pourrait devenir non seulement le plus vieil héritier de la couronne britannique mais aussi l'un des plus impopulaires.