Le parti socialiste français tient, de vendredi à dimanche à Reims (Est), un congrès crucial pour l'avenir de l'opposition à Nicolas Sarkozy, et doit décider s'il se range derrière Ségolène Royal, personnalité populaire mais controversée.

«C'est vrai que j'en ai envie», a lâché l'ex-candidate à la présidentielle, interrogée mercredi soir sur son ambition de diriger le PS. Mais elle n'a pas fait acte formel de candidature.

Quatre jours après le congrès, les militants voteront le 20 novembre pour désigner le successeur de François Hollande, ex-compagnon de Mme Royal et père de ses quatre enfants, qui aura occupé le poste pendant onze ans.

Mme Royal, 55 ans, est forte de sa légitimité: son projet politique, caractérisé par une ouverture au centre tout en reprenant des thématiques de gauche, l'a emporté le 6 novembre à la surprise générale, choisi par un peu moins de 30% des militants socialistes.

Elle s'est alors retrouvée devant son principal concurrent, le maire de Paris Bertrand Delanoë, mais aussi la maire de Lille (nord) Martine Aubry, et la figure montante du parti, Benoît Hamon, qui représente son aile gauche. Mais en dépit de sa victoire, elle ne parvient pas à former une majorité.

Populaire auprès de la base en raison de son opposition pugnace à M. Sarkozy, elle suscite une méfiance de l'appareil en raison de ses méthodes décalées.

Souvent, d'ailleurs, elle est l'objet de féroces railleries et de violentes charges comme celle de l'ancien ministre Michel Sapin qui a estimé mercredi qu'une candidature de Ségolène Royal au poste de premier secrétaire serait «une candidature d'affrontement».

Preuve que c'est la personnalité de Mme Royal qui suscite l'aversion de l'appareil, M. Sapin a souhaité un autre candidat du même camp qui favoriserait «une coopération» au sein du parti. Un point de vue partagé par d'autres personnalités.

«Halte au feu!», a répliqué jeudi l'eurodéputé, Vincent Peillon, proche de Ségolène Royal, affirmant que le parti «est dans des mains qui ne sont pas très responsables ces jours-ci».

«J'appelle Bertrand Delanoë, Martine Aubry, Lionel Jospin (l'ex-Premier ministre) à faire très attention à ce qui est en train de se produire au parti. C'est un parti de gouvernement qui doit rester à cette hauteur», a-t-il dit en dénonçant les «conciliabules d'arrière-boutique» qui visent à écarter Mme Royal.

A moins de vingt-quatre heures de l'ouverture du congrès de Reims, les tractations se poursuivaient et les rivaux de Mme Royal n'avaient pas encore répondu à son offre de «synthèse», qui doit être entérinée par le congrès.

Faute de compromis, Mme Royal a prévenu que «le suffrage universel» trancherait au moment du vote sur la désignation du patron du parti.

Le PS risque alors d'offrir, à nouveau, l'image d'un parti divisé, miné par la guerre des chefs et incapable de proposer une alternative crédible à la politique de Nicolas Sarkozy. Celui-ci est de plus requinqué dans les sondages de popularité par sa gestion de la crise financière.

Même le Premier ministre de droite François Fillon s'est déclaré inquiet de l'état du premier parti d'opposition en France qui a essuyé trois défaites successives à la présidentielle depuis 1995.

«Je ne souhaite pas voir un PS éclaté avec en son sein une compétition permanente pour être le plus à gauche ou le plus au centre possible», a dit M. Fillon en souhaitant au parti de trouver un «vrai leader».