Le secrétaire américain à la défense Robert Gates s'envole vers l'Estonie mardi pour réaffirmer le soutien des Etats-Unis aux pays baltes, ainsi qu'aux ex-républiques soviétiques voulant intégrer l'Otan, des positions de nature à alimenter les tensions déjà vives avec Moscou.

Les pays membres de l'Otan sont divisés quant à l'attitude à adopter envers la Russie depuis l'intervention militaire de Moscou l'été dernier en Géorgie, un pays qui, à l'instar de l'Ukraine, espère intégrer un jour l'alliance militaire occidentale.A Tallinn, lors d'une réunion informelle des ministres de la Défense de l'Otan, M. Gates compte bien «envoyer un signal très fort» en rappelant l'appui de Washington à l'adhésion des deux pays, et son soutien aux pays baltes (Lettonie, Estonie, Lituanie) et à la Pologne qui s'inquiètent du comportement agressif de la Russie, a expliqué un porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell.

M. Gates doit rencontrer mercredi les ministres de la Défense des pays baltes, qui réclament un plan de défense de l'Otan pour leur région en cas de menace russe.

Il assistera ensuite jeudi à une réunion informelle Otan-Ukraine, visant à évoquer la candidature de Kiev.

L'élargissement de l'Otan jusqu'aux portes de la Russie est l'une des causes des tensions des derniers mois avec les Etats-Unis et leurs alliés.

Ce déplacement intervient en outre quelques jours après une mise de garde du président russe Dmitri Medvedev, qui a annoncé son intention de déployer des missiles Iskander dans l'enclave russe de Kaliningrad, entre la Pologne et la Lituanie, si les Etats-Unis menaient à bien le projet d'extension en Europe de l'Est de leur bouclier antimissile.

Des déclarations perçues à la fois comme un test à l'encontre du président américain tout juste élu Barack Obama, et une tentative de diviser un peu plus les membres de l'Otan.

Les Européens ont décidé lundi de reprendre les négociations sur un partenariat renforcé avec la Russie, passant outre l'opposition de la Lituanie.

L'Otan a refusé au printemps de décerner le statut de candidates à la Géorgie et à l'Ukraine et a remis l'affaire à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Alliance atlantique début décembre à Bruxelles.

Mais l'Otan reste divisée. La France et l'Allemagne sont franchement opposées à l'octroi du statut aux deux aspirants en décembre. Pour Paris et Berlin, la guerre du mois d'août en Géorgie n'a fait que confirmer les risques qu'il y aurait à voir ce pays entrer dans l'Otan.

Alors que la fin de l'administration Bush approche, le message de M. Gates risque de ne pas peser lourd à Tallinn, même si les conseillers de Barack Obama n'excluent pas de conserver le secrétaire à la Défense sortant au Pentagone.