Les cérémonies du 90e anniversaire de l'indépendance de la Pologne ont réuni mardi autour du président polonais Lech Kaczynski à Varsovie la chancelière allemande Angela Merkel et seize chefs d'Etat.

Les cérémonies, retransmises par plusieurs télévisions, ont débuté par une parade militaire devant le tombeau du soldat inconnu, sur la place qui porte le nom du maréchal Jozef Pilsudski, le père de l'indépendance polonaise en 1918, après 123 ans d'absence de la Pologne sur les cartes de l'Europe.Parmi les invités figuraient les présidents afghan Hamid Karzaï, géorgien Mikheïl Saakachvili et ukrainien Viktor Iouchtchenko, ainsi que les trois présidents baltes et le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek.

Le président Kaczynski a rappelé dans un discours que la Pologne avait de nouveau perdu son indépendance en 1939, pour la retrouver seulement en 1989, avec la chute du communisme.

«Nous avons atteint nos objectifs stratégiques avec l'adhésion à l'Otan et à l'Union européenne, mais ceci n'a pas automatiquement résolu tous nos problèmes. Nous avons toujours besoin de patriotisme au sein de l'UE», a-t-il affirmé.

«Le patriotisme est aussi nécessaire pour développer le pays et réduire la distance qui le sépare toujours des pays les plus riches. C'est un devoir pour les patriotes d'aujourd'hui», a-t-il ajouté.

Les invités du président Kaczynski se sont ensuite rendus au Château royal de Varsovie pour un déjeuner et une exposition présentant le chemin de la Pologne vers l'indépendance.

Un gala a réuni dans la soirée à l'Opéra de Varsovie, à l'inviation de Lech Kaczynski, quelque 800 personnalités, dont des présidents des pays baltes et des pays des Balkans.

Les invités ont assisté à un concert de chants patriotiques polonais, puis ont participé à un dîner.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk qu'une rivalité politique oppose au président Kaczynski n'a pas participé à ce gala.

Une des raisons de l'absence du chef du gouvernement était également celle de Lech Walesa, le chef historique du syndicat Solidarité, prix Nobel de la paix et ex-président polonais, qui n'a pas été invité au gala du soir et n'a pas non plus assisté aux cérémonies de la place Pilsudski.

«Il m'est difficile d'accepter la situation dans laquelle Lech Walesa n'a pas été invité au gala», a déclaré M. Tusk.

Lech Kaczynski et son frère jumeau Jaroslaw Kaczynski, anciens proches collaborateurs de Lech Walesa, sont devenus dans les années 1990 ses ennemis jurés.

Lech Kaczynski «fait passer ses intérêts privés avant le patriotisme. Ce n'est pas bon, mais je le lui pardonne en bon chrétien», a commenté le prix Nobel de la paix à la télévision privée TVN24.

Le 90e anniversaire de l'indépendance de la Pologne moderne a donné lieu à de nombreuses expositions, conférences, concerts et manifestations sportives à travers le pays. Des «messes pour la patrie» ont été célébrées mardi par des prélats de l'Eglise catholique, notamment à Cracovie (sud), Poznan (ouest), Gdansk (nord) et Varsovie.

Au XIXe siècle, la Pologne était partagée entre la Russie, la Prusse (puis l'Allemagne) et l'Autriche (puis l'Autriche-Hongrie). Elle a recouvré son indépendance le 11 novembre 1918, après la Première Guerre mondiale.